Un lointain futur, dans La Cité des Religions Oubliées. Lucrèce et Mishima Tuvache y sont les propriétaires d’un singulier magasin : ils commercialisent auprès des candidats au suicide moult et divers moyens d’en finir…et il faut dire que ces candidats sont nombreux, dans un monde devenu cauchemardesque, où règnent guerres, famines et désastres écologiques. Malgré cette morosité ambiante, et au grand désespoir de ses parents, Alan Tuvache (le cadet de leurs 3 enfants) est un jeune garçon d’une gaieté inaltérable.
Il s’agit du 3ème roman de J.Teulé que je découvre. "Darling" m’avait bouleversée, "Je, François Villon" m’avait fascinée, et celui-ci m’a réjouie ! C’est peu dire que l’auteur a plus d’une corde à son arc, et qu’il sait exploiter son talent à des exercices extrêmement variés. Dans ce –trop court, hélas- Magasin des suicides, il fait preuve d’une imagination débordante et d’un humour féroce, « assaisonnant » sa fable de multiples allusions à notre monde bien réel (la boutique des Tuvache est située Boulevard Bérégovoy, non loin de la discothèque Kurt Cobain…).
Grâce à cela, et malgré l’aspect parfois macabre et pessimiste que pourrait revêtir le récit, j’ai retiré de cette lecture une impression de fraîcheur, voire de candeur, candeur due à l’attachement que l’on finit par éprouver pour cette famille on sein de laquelle on devine beaucoup d’amour et de simplicité. En effet, il suffit au fond de peu de chose –en l’occurrence la joie véhiculée par le petit Alan- pour que tous ses membres retrouvent le sourire et l’envie de s’amuser.
Y a-t-il une morale à cette fable ? Je ne crois pas que tel était le but de l’auteur. Cependant, il nous met face à deux évidences quelque peu contradictoires : d’une part, sans une paix relative et un environnement protégé, l’homme a beaucoup de difficultés à trouver le bonheur et d’autre part, la nature même de l’individu fait qu’il finit par s’adapter à tout, et parvient à tirer satisfaction de la moindre occasion d’être joyeux, sinon heureux.
Pour finir : les Tuvache ne sont pas sans évoquer la célèbre famille Adams ; de même, je n’ai pu m’empêcher d’imaginer un Tim Burton adaptant cette histoire au cinéma…
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