[Julius Corentin Acquefacques. T. 1, L'Origine | Marc-Antoine Mathieu]
Voici enfin J.C. Acquefacques qui, en verlan bigarré, doit bien s’écrire Kafka ! Il le faudrait tant L’Origine, premier tome d’une série en cinq volumes, a des parentés avec le génial Tchèque. Julius Corentin travaille au ministère de l’humour. Il a en charge de « mettre à jour le grand glossaire des blagues et incongruités ». Il occupe un « une pièce » dans un immeuble saturé ; la place disponible est extrêmement limitée. Il est célibataire car « une femme, c’est trois unités d’espace vital en moins ». L’épisode chez les frères Dalenvert, « experts en problématiques », est assez stupéfiant. Julius Corentin reçoit des planches dessinées qui le mettent en scène avec une vérité troublante. Il veut savoir qui est le démiurge construisant son univers en deux dimensions et prédisant avec une précision extraordinaire son avenir.
Personnage loufoque fortement connoté, Julius Corentin Acquefacques, sorte de Jésus Christ mâtiné de Kafka, évolue dans un monde angoissant que les noirs et blancs de l’album rehaussent, une ville grouillante dépourvue d’espace vital, de nature et de liberté. La pensée est crétinisée, les émotions sont contrôlées. Le sérieux dans le rire est de rigueur. George Orwell n’est pas loin avec son éternel et universel 1984. Il m’aura fallu attendre presque vingt années avant d’oser aborder l’œuvre de Marc-Antoine Mathieu. C’est chose faite et les autres albums de la série seront consommés lentement, avec la délectation qui sied aux grands crus.
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