Personnage récurrent des romans de Deon Meyer, Thobela Mpayipheli alias « P’tit », ancien agent des services secrets sud-africains, pense se reconvertir dans une vie paisible, honnête, routinière avec la belle Miriam et son fils Pakamile. C’est sans compter sur les alliances et les dettes contractées dans le passé. Johnny Kleintjes a organisé les services de renseignement post apartheid, tentant de concilier des organisations encore rivales il y a peu, de la police secrète, du renseignement militaire, des services informatiques de l’ANC, « quatre ou cinq cents gigaoctets d’informations, depuis les renseignements personnels sur la population jusqu’aux armes, en passant par les informateurs et les agents doubles. » Kleintjes découvre et copie des informations troubles, cachées et capitales. Son kidnapping aujourd’hui et la demande de restitution d’un disque dur met en branle simultanément Thobela Mpayipheli qui a contracté une dette d’honneur par le passé avec Kleintjes, un commando surentraîné de barbouzes cornaqué par le ministère du renseignement. Thobela traverse l’Afrique du sud en moto avec une meute haineuse au train. Il aimerait tant changer, oublier son passé de tueur mais comme le lui dira Zatopek Van Heerden : « Je ne crois pas qu’un homme puisse changer fondamentalement. Le mieux qu’on puisse faire, c’est de reconnaître la part de bien et de mal qui est en nous. Et de l’accepter. […] On vit dans un monde où le bien est glorifié et le mal méconnu. On peut changer de point de vue. Pas de nature. »
Quel plaisir de retrouver Zatopek en filigrane, par bribe, lorsque la mémoire de P’tit le réactive dans ses souvenirs ! Deon Meyer a l’art de rendre ses héros particulièrement attachants, présents, denses, confrontés à des démons intérieurs, des peurs et des doutes qui les humanisent en diable. Ni noirs ni blancs, ils ont le cœur métissé par le bien et la mal enchevêtrés à l’extrême. L’âme du chasseur privilégie l’action. Il s’intercale entre Les soldats de l’aube, plus introspectif et Le pic du diable. Tous les romans de Deon Meyer sont puissants. Rien n’est à jeter. Une fois refermés, on ne peut plus les oublier et c’est bien mieux ainsi.
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