[L'homme chauve-souris. Une enquête de l'inspecteur Harry Hole | Jo Nesbo, Elisabeth Tangen (Traducteur), Alexis Fouillet (Traducteur)]
Premier opus des aventures de l’inspecteur Harry Hole –et premier roman de Jo Nesbo-, « L’homme chauve-souris » contient tous les ingrédients qui vont amener le lecteur à vouloir persévérer dans la découverte de cet auteur, et à s’attacher à son héros. Ce dernier, inspecteur de la police d’Oslo, rongé par la culpabilité suite à sa responsabilité dans la mort de l’un de ses collègues, est envoyé en Australie pour enquêter sur le meurtre d’Inger Holter, une jeune norvégienne qui vivait à Sydney. Il est accueilli sur place par son homologue Andrew Kensington, un aborigène pour lequel les bas-fonds de la métropole australienne semblent n’avoir aucun secret.
En même temps qu’Harry, nous faisons connaissance avec un pays fait de contrastes, dont l’histoire est à la fois jeune et ancienne, au sein duquel cohabitent tant bien que mal les autochtones dont on a oublié qu’ils étaient le vrai peuple australien, touchés plus souvent qu'à leur tour par la misère et ses corollaires (alcoolisme, …) et les « colons » qui, pour calmer d’éventuelles revendications nationalistes, concèdent aux indigènes quelques droits qui dépassent rarement le stade de la théorie. Ajoutez à cela une proportion non négligeable d’habitants issus de l’immigration d’origine asiatique, et l’une des plus importantes communautés homosexuelles du monde… vous êtes à Sydney !
Voilà pour le décor, qui n’a pas été sans m’évoquer la Nouvelle-Zélande que dépeint Caryl Férey dans « Utu » et « Haka », mais là où l’auteur français s’engouffre dans la noirceur jusqu’au malaise, Jo Nesbo quant à lui, bien qu’il n’épargne ni ses personnages ni son lecteur, laisse émerger de son récit une petite part d'espoir. En effet, Harry Hole a beau passer pour un anti héros, et sombrer facilement dans certains excès, il conserve néanmoins son instinct de survie (ce qui n'est pas le cas des personnages de Férey), et reste guidé par une certaine idée de la justice.
L’intrigue est très bien menée, l’auteur sait utiliser les détails significatifs et les retournements de situation, et surtout, il intègre ladite intrigue dans un environnement auquel il donne une réelle consistance, éveillant notre intérêt non seulement pour l’histoire policière, mais aussi pour celle de la société qu’il décrit.
Cet intérêt a été assez éveillé pour que je vous donne rendez-vous après ma lecture de la suite des aventures de Harry : « Les cafards ».
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