Non. Stéphane Osmont n'est pas ,125 ans après,la réincarnation de Karl Marx. L'allemand avait analysé dans "Das Capital" les mécanismes implacables de l'aliènation capitaliste.Osmont, lui, se contentera de laisser libre cours à son persiflage décapant sur ce même capitalisme devenu fou. L'auteur parle d'or puisqu'il est lui-même un ancien collaborateur d'une "world company" .
Son livre débute avec la prise de pouvoir de Marc Tourneuillerie, énarque reconverti dans la banque privée (ça ne vous rappelle rien ? ), sur le Crédit Général la plus grande banque d'affaires d'Europe. D'une ambition démesurée et d'un égo qui ferait de celui de Napoléon un vulgaire prurit d'adolescent, le nouveau Président n'a qu'un dessein : s'enrichir et , éventuellement, abuser de son pouvoir. Un fond de pension américain prenant une participation majoritaire dans sa banque,il n'aura de cesse de presser le citron humain afin de dégager un maximun de plus-values et cela à la plus grande satisfaction des gérants des dits fonds de pension. Tout accroissement de marge étant indéxé sur l'augmentation de salaire et l'attribution de stock-options au Président.
Stéphane Osmont force le trait. Son livre tient de la parodie,souvent de la farce (les allocutions déjantées que le Président livre aux médias...), mais la réalité est là pour nous interdire de prendre "Le Capital" pour juste un livre-ressentiment d'un cadre sup désanchanté ; ouvrez des revues comme Capital (encore ! ), Challenge, Management, et vous verrez la mise sur piédestal des nouveaux chevaliers des temps modernes , ceux qui "livrent de rudes batailles" dans ce monde de brutes mondialisé afin de conserver "notre compétitivité" ..... Alors que tout se résume à une histoire d'égo.
Mais s'il n'y avait que le capitalisme qui était pourri... Dans le livre de Osmont c'est la terre entière, par l'intermédiaire de ses sociétés humaines qui est atteinte. Partout règne le fric, la jouissance immédiate, une déréliction généralisée. Marc Tourneuillerie a ouvert la boite de Pandore de ses désirs, le fric permettant leur assouvissement immédiat...C'est alors des virées mondialisées de New-York à Tokyo pour retrouver "sa gazelle", demi-mondaine mannequin métisse, qui le prommène de promesses non tenues en demandes "pressantes" d'argent liquide (sur le compte de sa banque bien sur...) . Sa propre famille est un naufrage ; sa femme est névrotique au dernier degré, son fils est un zombi accro aux jeux vidéo, lui même, ancien énarque, passe ses heures de bureau à surfer sur des sites pornographiques...n'en jetez plus ! et pourtant l'auteur charge encore la mule... Sur les "vieux" par exemple. Ces "vieux" qui ont placés leurs économies dans ces fonds de pension dont les gérants éxigent une rentabilité maximun et à court terme ; raisonnement logique puisque par définition tous ces petits actionnaires de ces fonds n'ont plus que quelques années à vivre, et ils veulent les vivre au soleil, intensément,avec tout le confort possible , d'où le pressurage du citron pour qu'il donne beaucoup, en peu de temps....
Livre vraiment pessimiste. Et pourtant l'on sourit souvent, et, parfois, l'on rit (jaune).
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