TooRop,
je peux accepter, encore qu'après âpre déglutition, que vous traitiez mes précisions conceptuelles relatives à vos propos inexacts sur le communisme de "discours métaphysiques aussi lourds qu'inutiles";
je peux lire avec indulgence que vous citez un ouvrage (ou est-ce vous?) qui OSE faire l'amalgame entre les répressions de Vandéens lors de la Révolution française et le terme de "génocide" que l'on utilise pour parler de la Shoah, des Arméniens de l'Empire ottoman et des Rwandais;
je conçois que l'on ait envie de lire une historiographie hélas! très à la mode qui se propose la thèse de banaliser les crimes du colonialisme etc.;
je suis offensé cependant par l'outrage de m'accuser de mauvaise foi. D'autant que la théorie de l'axe Euro-arabe est EXACTEMENT le contraire de "l'anti-américanisme primaire"; elle fait partie de la doctrine "neocons" où se rejoignent Tel Aviv et certains milieux états-uniens, pleine de "complots anti-occidentaux" tout autant que de "choc des civilisations", pour laquelle les "valeurs" de nos pays sur lesquelles nous transigerions, nous Européens, vis-à-vis des Arabes, ne sont certes pas celles des Lumières...
Mais, Toorop, si je vous écris cela en réponse publique à une note de lecture, et non en message privé, c'est pour une raison très claire qui me tient à coeur. Je constate en effet qu'une certaine historiographie sans scrupules (appuyée par une certaine édition qui, comme toujours, regarde ses intérêts qui ne sont guère scientifiques...) essaie de faire passer pour de la pensée critique, hors norme, hors des chemins battus, ce qui n'est que REVISIONNISME au sens large. Ces gens là vont vous dire, à un moment ou à un autre, que le communisme n'est pas substanciellement différent du nazisme, que la Révolution française fut génocidaire, que le colonialisme, ma foi... Or je ne suis pas non plus de ceux qui souhaitent que les contenus des livres d'histoire soient un sujet de débat parlementaire ni encore moins qu'ils forment l'objet de décrets. Cela, ce sont les pays de la ex-Yougoslavie qui l'ont fait, très vite après 1991...
Mais voilà qui est miraculeux dans la recherche scientifique : c'est que la rigueur est difficile; le travail intellectuel est ardu; les sciences sociales exigeantes. Donc, les bouffons pseudo-historiens ou pseudo-politologues ou tous leurs congénères qui font de la littérature à thèse au lieu de s'adonner au labeur de la recherche ne résistent pas à l'analyse conceptuelle rigoureuse. Ce qu'ils présentent comme des faits bruts (sauf que les faits bruts n'existent pas hors d'un cadre de démonstration, tout comme les sondages "objectifs", comme vous l'enseigne tout b-a-ba d'épistémologie des sciences sociales) n'est qu'une démonstration déguisée d'une thèse souvent facile, trop facile (pour paraphraser Nietzsche). Hélas ces rigolos sont de moins en moins rares... et une Oriana Fallaci est devenue même "intellectuelle du régime" (ne pensons pas, s'il vous plaît, que ça ne se passe que chez les autres...).
Après, quand on sait cela, on peut et on fait bien de tout lire : du Trotsky comme du Louis-Ferdinand Céline, du Toni Negri comme Mein Kampf, Erri de Luca (pas moi en tout cas!) ou Alain de Benoist. Tout lire ; mais pas tout de la même façon... Si je puis me permettre...
|