Livre de mémoires d'une jeune et riche héritière américaine pour qui la seconde guerre mondiale sera la "divine surprise" qui lui permettra de mettre à profit ses convictions humanistes et , accéssoirement, de se désennuyer d'une existence dorée.
Quand les armées allemandes se ruent sur la France en mai 40, Mary Jane Gold vit déjà à Paris depuis plusieurs années ; elle y mène une vie facile et indolente : quelques cours à la Sorbonne entrecoupés d'essayage chez les grands couturiers et de visites chez des amies, sans parler des soirées en boites...
Elle ,qui pourrait facilement rejoindre les Etats-unis va suivre les millions de Français sur les routes de l'exode. Elle se retrouvera à Marseille comme de nombreux candidats à l'émigration. Elle y fera connaissance d'un compatriote, Varian Fry, qui s'active à exfiltrer (comme l'on dit maintenant) , les personnes les plus à même de craindre l'arrestation ou pire la déportation ( Marseille est bien en "zone libre" mais les policiers français n'ont rien à refuser à leurs collègues allemands...).
Avec une conviction humaniste qui force le respect (et qu'on ne s'attend pas à trouver chez un rejeton de WASP très bostoniens ), elle n'aura de cesse de forçer les préventions de Varian Fry qui la trouve décidemment trop "frivole" pour être incorporée à son équipe du "Emergency Rescue Commmittee".
Une fois admise elle fera merveille par sa bonne humeur, son entregent, sa débrouillardise...
Le "Comité de secours américain" a ainsi pu sauver près de 2000 personnes, juifs, anciens dirigeants des partis de gauche allemands, artistes "dégénérés", en leurs fournissant visas, argent, et moyen de passer les Pyrénnées pour ensuite émigrer aux Etats-unis.
Dans une langue très vivante Mary Jayne Gold conte de nombreuses anecdotes, certaines croustillantes..., sur les personnalités qu'elle côtoya : Franz Werfel et Alma (Malher), André Breton et sa superbe femme Jacqueline...et d'autres moins connues.
En parallèle avec ses activités au Comité,Mary Jayne, qui n'a rien d'une oie blanche, tombera amoureuse d'un petit malfrat marseillais, déserteur de la Légion, le dénommé Raymond Couraud, dit Killer, (tout un programme ! ) qui lui en fera voir de toutes les couleurs, puisqu'il n'hésitera pas à délester la belle de ses bijoux...
Même si les péripéties de cette petite fille de riches sont intérressantes, c'est par l'évocation très réaliste, et très juste me semble-t-il, du Marseille de ces "années là" que ce bouquin m'a charmé : les rues de Marseille (sales, très sales..) les hôtels borgnes, les voyous, les macs que fréquente Mary Jayne en suivant son demi-solde d'amoureux, et puis la campagne autour de Marseille lorsque le Comité loua une belle maison sur la route d'Aubagne (pas d'autoroute à cette époque, juste un tram pour relier Aubagne à Marseille...) , bref imaginez les films de Pagnol !
Donc vaut bien ses 4 étoiles...
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