Même si j'aime mieux écouter Caroline Fourest que la lire (le sous-titre de cet essai pourrait être "des noms ! des noms !" car il contient rien de moins que la liste de ceux qui, selon elle, se commettent avec l'islamisme à gauche), je suis contente d'avoir pu comprendre pourquoi les positions laïques sont si partagées à gauche et comment on en vient à des abîmes idéologiques au cœur même de cette famille politique face à l'islam.
Elle définit deux grandes familles : ceux qui militent à gauche par antitotalitarisme et les altermondialistes. Les premiers se réfèrent à l'idéologie nationale-socialiste pour en réfuter les racines et les rejetons, les seconds, dans une optique antilibérale en viennent à rejeter tout ce qui peut être allié avec les Etats-Unis d'Amérique et se font récupérer dans un chapeau par l'islamisme, déguisé en "autre culture" qu'on oppresse par ethnocentrisme.
Fourest rappelle les échecs répétés des derniers Forum sociaux européens où les associations islamistes ont fait de l'entrisme et où le féminisme, la laïcité se sont fait conspuer ou renommer : le féminisme doit être droit des femmes à porter le voile où elles le veulent, quand elles le veulent, la laïcité, multiculturalisme sans discussion.
C'est un sujet très difficile, et je me suis surprise à être parfois décontenancée dans mes propres convictions. On trahit les opprimés des religions en les renvoyant dos à dos (en réalité nez à nez) avec leurs bourreaux sous couvert de "laïcité positive".
En effet, cela coûte moins cher à l'Etat de décréter qu'on intègre les "jeunes des cités" en leur permettant de pratiquer leur culte (ou leurs traditions culturelles) y compris dans ce qu'il a de moins républicain, en laissant les imams ou les curés occuper le terrain abandonné par les travailleurs sociaux (et les profs) remerciés, qu'en veillant à ce qu'ils trouvent un travail ou un logement décents. C'est ce que la République aurait pu leur offrir de plus digne et de moins paternaliste...
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