Alors là...
J'ai acheté ce livre, sans forcément regarder, parce que j'avais entendu parler et vu citer Edgard Morin. Alors, curiosité oblige, j'y suis allé.
Déjà, 1/3 du bouquin est une introduction à l'oeuvre de Morin. J'avais pas fait gaffe, mais il ne s'agit pas à proprement parler d'une oeuvre de Morin, mais d'un recueil de textes présentés par Heinz Weinmann, et choisis avec Edgard Morin. J'ai rapidement zappé l'intro que je trouvais longue et ennuyeuse.

L'avantage d'un tel livre est qu'il survole l'oeuvre globale, et permet de comprendre ce qu'il a écrit. Ainsi, si une partie m'a particulièrement touché, je peux aller me procurer le livre qui me plaît. C'est plutôt pas mal.
Sauf que Morin, si j'ai trouvé quelques parties intéressantes, globalement je n'y ai rien compris. Si ce monsieur parlait comme il écrivait, les discussions devaient être difficiles...
Je vous cite un exemple parmi tant d'autres de complexité (le mot est juste!) :
p.325
"La vie est l'union de l'union et de la non-union. La vie est un grouillement d'hétérogénéités, de démesures, de dispersions, de désordres, d'antagonismes, d'égoïsmes, d'erreurs, d'aveuglement, où tout devrait "naturellement" se décomposer, de dissocier, se désintégrer, se disperser, et, effectivement, tout se décompose, se dissocie, se désintègre, se disperse naturellement dans et par la mort. Mais aussi, non moins "naturellement" tout se recompose, se réassocie, se réintègre, se rassemble, se solidarise dans les boucles, cycles, circuits innombrables formant une dialogique inséparable, les ontologies sans commune mesure font émerger l'être vivant, le dispersif véhicule la dissémination, l'antagonisme coopère à la complémentarité, l'égoïsme à la solidarité, le désordre à l'ordre, le tout se nourrit de chacun, chacun se nourrit de tout, et la vie recommence, dans un grouillement d'hétérogénéité, démesures, dispersions... dans "l'union de l'union et de la désunion"."

Non, je n'exagère pas, il écrit vraiment comme ça tout au long de son oeuvre. Ca doit être difficile de dire les choses simplement.
Ceci dit, certaines de ses réflexion me sont précieuses :
"Le but du discours théorique n'est pas de faire clarté sur tout, mais de voir malgré et avec la tache aveugle."
"Méfions-nous de nos yeux, bien que ce soit à eux seuls que nous pouvons faire confiance"
"Les faits ne parlent d'eux-mêmes que si on leur permet de parler"
"Toute théorie dépend d'une observation, mais aussi toute observation dépend d'une théorie"
"Nous souffrons à la fois de sous-informations et de sur-informations, de manques et d'excès"
"Il nous faut nous méfier de notre confiance, mais aussi nous méfier de notre méfiance"
"La rationalisation nous montre que la raison devient folle lorsqu'elle se ferme sur elle-même"
"L'objectivité doit cesser de se définir par l'exclusion de toutes adhérences subjectives. Elle comporte au contraire la passion du vrai, l'auto-réflexion, l'auto-critique, elle nécessite l'effort subjectif pour se dépasser soi-même. Ce n'est pas l'objectivité qui s'enfuit lorsque le sujet revient, c'est l'objectivité qui s'approfondit dans sa racine subjective/objective."
"Ma marginalité même au sein de ma culture témoigne de cette culture".

Je m'arrête là, vous l'aurez compris tous seuls, ce livre est chiant à lire et nous embrouille de beaucoup. Il regorge d'idées intéressantes à exploiter, il regorge aussi de concepts trop compliqués pour les esprits simples comme le mien (dire qu'on me trouve compliqué parfois) et de trucs qui me font bondir aussi. Au final, je n'ai aucune envie - malgré l'intérêt de la réflexion de Morin - de me farcir son oeuvre. Je n'ai même pas lu (juste survolé) les deux derniers chapitres. Ras la casquette!

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