« Notre héros, c'était pas un de ces lascars dominicains dont tout le monde tchatche – c'était pas un as de la batte ou un bachatero choucard, ni un bogosse avec un milliard de bombax scotchées au slibard. Et à part une brève période au début de sa vie, il a jamais trop eu la cote avec les meufs, le mec (ce qui est particulièrement peu dominicain de sa part). »
Oscar est un jeune dominicain dont la famille a émigré dans le New jersey pour fuir la dictature de Trujillo, « le Tyran le plus Tyrannique ayant jamais Tyrannisé son peuple ». Vrai tombeur des bacs à sable dans sa prime jeunesse (il avait, à l'âge de sept ans, deux petites amies en même temps, « son premier et dernier ménage à trois »), puis ado introverti et obèse, fan de science-fiction, cœur d'artichaut tombant amoureux en un clin d'œil mais sempiternel puceau, Oscar envisagea de consacrer sa vie à la conception de jeux de rôle avant de se mettre en tête d'être écrivain et de devenir le « Tolkien dominicain ».
On suit ainsi les mésaventures d'Oscar avec la tendresse et l'affliction d'un ami compatissant à son désarroi et au désastre de sa vie. Car Oscar est l'objet d'un
fukú (mauvais sort à la sauce dominicaine, spirale infernale de l'échec) qui colle à sa famille depuis des générations. Ni son grand-père martyrisé à cause d'un prétendu « Fâcheux Commentaire » sur « El Jefe », ni sa mère Belicia, ancienne bombe sexuelle des barrios ayant fui son île dominicaine et devenue mégère tyrannique et abusive, ni sa sœur Lola, rebelle et fugueuse, personne dans sa famille n'y a réchappé. Alors, pour le dernier rejeton de la famille, ce n'était pas gagné ! C'est ainsi que, nourrie des destins de ses aïeux brisés par la torture, la prison, l'exil et les amours impossibles, la vie d'Oscar s'avérera conforme à la fatalité du
fukù : saga fulgurante et désastreuse d'un redoutable raté.
A la fois chronique épique et fantaisiste d'une famille d'immigrés dominicains dans le New Jersey, roman politico-historique dénonçant avec causticité la dictature dominicaine, et véritable hymne aux "sous-cultures" (science-fiction, fantasy, pop, punk, mangas...), ce roman surdimensionné est un livre frappadingue, exubérant et réjouissant !
Cependant sa langue métissée de spanglish et d'argot, bien que vivifiante à dose homéopathique, le rend difficile d'accès et quelque peu abscons :
« Ma gadji, Suriyan, a découvert que je kénais avec une de ses hermanas. Queutards : ne baisez jamais jamais jamais avec une biatch qui s’apelle Awilda. Vu que quand elle va vous awilder votre race, vous allez sentir votre douleur. » A chaque ligne et sur presque 300 pages, c'est éreintant.
le cri du lézard