Si je m'en étais tenu à la présentation faite en quatrième de couverture, je n'aurais probablement jamais lu ce livre. Heureusement que c'était une figure imposée par le
Prix des lecteurs LDP 2009 ce qui m'a permis de vérifier une fois de plus que les premières impressions ne son pas toujours les meilleures.
Quelle belle idée de laisser la parole à une demeure pour remonter la généalogie d'une famille polonaise de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au tout début du XXe. Parce qu'en réalité, cette maison de maître est dotée d'une véritable âme et profite de sa qualité de témoin privilégié pour épier les différentes générations qui se succèdent au domaine.
Cette saga familiale, servie par un style impeccable, aborde une multitude de thèmes sans jamais lasser le lecteur. On se laisse facilement emporter sur les traces de l'ambitieux Josef Zemka qui n'hésitera pas à pousser sa fille aînée dans les bras de son cousin pour remplacer le fils que sa femme Clara n'a pas su lui donner :
« C'en est de trop, madame ! Vous m'avez piégé dans ce mariage et vous n'êtes bonne à rien. Tudieu ! Je sais faire des fils, moi, j'en ai eu un, il y a six mois de la gamine des Dorochenko. C'est vous qui y mettez de la mauvaise grâce ! Vous vous moquez de moi !» Devant une telle muflerie, difficile de reprocher à Clara de trouver refuge dans les bras du précepteur de ses filles :
Jamais il ne lui était venu à l'idée qu'elle pouvait être belle. Ni à lui ni à personne d'autre. Et pourtant elle l'était. Elle l'était invisiblement, elle l'était seulement depuis une heure, pour ses seuls yeux à lui. Lui, Zygmunt Borowski, possédait un trésor, un trésor caché - il tressaillit soudain de joie et de douceur, osa enfin la serrer contre sa poitrine. Et elle répondit, son bras s'appesantit, moelleux et plein de langueur, sur ses épaules, en goûta à travers l'étoffe la chaleur masculine, la charpente un peu dure… Il lui semblait qu'elle venait de naître, qu'elle sortait d'un interminable rêve chargé d'ennui et de tristesse, qu'elle s'était enfin trouvée.
Et l'histoire s'ensuit ainsi à pas plus ou moins comptés, jalonnée pas les soubressauts de l'Histoire qui secouent
la Galicie où s'opposent les intérêts des Polonais et des Ruthènes (Galiciens ukrainiens).
Les femmes, souvent cantonnées dans le rôle subalterne qui leur est destiné, occupent une place importante dans ce roman. Elles se montrent finalement souvent bien plus fines que leurs compagnons et finissent par tirer leur épingle du jeu, sous l'œil complice de la demeure narratrice, véritable porte parole de l'auteur.
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