Livre de souvenirs d'un écrivain "populiste" (notez les ""). Arrivée à Paris du petit vendéen (pas un blanc celui là, mais un rouge comme Clémenceau autre vendéen atypique) . Fréquentation de Henri Poulaille (Le pain quotidien) chez Grasset,le pape de la littérature populiste. Michel Ragon autodidacte enthousiaste n'aura de cesse de faire découvrir,de défendre,d'aider,peintres géniaux mais désargentés, poètes inspirés mais ombrageux, dans des revues plus que confidentielles....Il sera l'un des initiateurs du mouvement COBRA (COpenhague-BRuxelles-Amsterdam).
Mais plus que ses enthousiasmes poètiques et picturaux,c'est sa fréquentation du mouvement anarchiste que j'ai apprécié.
Beau portrait de Louis Decoin,injustement oublié (en fait peut-être pas tant que cela ?!?). Michel Ragon navigue d'une berge à l'autre, d'une rive à l'autre,d'une culture à l'autre ; issu d'un milieu populaire (à l'époque les classes sociales étaient plus marquées) son immersion dans les arcanes parisiennes de l'art lui font faire le grand écart culturel et social. C'est peut-être là que j'ai trouvé son livre de souvenirs un peu "plat"... Tout semble aller de soi ; on a le sentiment que Michel Ragon n'a pas connu le mépris,la morgue,la suffisance de l'intelligentsia d'après guerre... mais peut-être l'époque était-elle plus conciliante que la nôtre ? En tous cas la soif de culture de ce rejeton de prolos vendéens ne peut qu'être donné en exemple à tous ceux qui pensent, par exemple, que lire Madame de La Fayette est une perte de temps....
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