Naissances est un livre bouleversant, à la fois sombre, très sombre parfois, et lumineux. Les descriptions que son auteur fait, tout particulièrement des deux premières naissances, sont par moment à la limite du supportable mais c'est en surmontant notre horreur ou notre dégout qu'on parvient à sentir les choses essentielles qui se disent là, dans une langue belle, émouvante, jamais complaisante, propres aux confidences les plus intimes. Car c'est là que Péju "opère", au plus intime de nos corps et de nos émotions, ceux et celles des accouchées ou ceux et celles des pères, quand ils sont présents.
J'ai une petite réserve néanmoins: à la fin du livre Péju nous parle de lui, notamment dans une scène avec son fils, et tout d'un coup Péju se fait très elliptique, très secret. On a presque envie de le bousculer un peu pour qu'il nous dise à son tour son intimité. Mais le bonhomme garde son mystère et préfère nous parler de l'écriture, cet autre accouchement.
"Dans son éblouissement d'aveugle, chaque père n'a pu voir que de loin et fort mal la venue au monde des enfants. Mais le père, ce manqueur de mots, cet absent, peut malgré tout assister aux naissances multiples qui perdurent dans l'enfance. L'écriture ne consiste qu'à révéler de tels surgissements modestes, qu'à assister, vaille que vaille, au commencement perpétuel."
C'est un livre difficile, qu'il faut aller conquérir, mais qui je pense resonnera longtemps en moi.
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