[Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable | René Riesel, Jaime Semprun]

Un livre absolument pas politiquement correct.Les deux auteurs ne font pas dans la dentelle.
René Riesel et Jaime Semprun contestent la doxa ambiante qui voudrait qu'une nouvelle ère de croissance verte (et vertueuse !) succède à notre modèle obsolète de croissance industrielle déstructrice de la planète.Car pour eux "le désastre est d'ores et déjà à peu près consommé". Tous les appels à notre conscience de citoyens responsables,toutes les recommandations vertueuses,tous les oukases ministériels, ne sont que culpabilité et coercition déguisée pour affermir l'emprise de l'état sur les âmes et les corps.Il est de bon ton d'applaudir aux décisions prises au Grenelle de l'environnement, mais Riesel et Semprun ont bien vu l'inanité d'une telle démarche ; d'une croissance industrielle l'on se dirige vers un développement durable dont l'énoncé même dit bien la contradiction d'une telle démarche.La terre est ravagée de pollutions diverses, de déchets dont on ne sait que faire,mais qu'importe puisque la remise aux normes (très important les normes...), l'élimination et le retraitement de ces mêmes déchets ouvrent de nouvelles perspectives de croissance "verte" indéfinie.Avec en prime un contrôle plus coercitif des "éco-citoyens" afin qu'ils respectent les nouveaux diktacts que l'Etat ne manquera pas d'édicter. Et tout cela pour le plus grand bonheur des multinationnales "vertes"....

Riesel et Semprun ne proposent pas de panacée aux problèmes décrits dans le livre , c'est peut être ce que d'aucuns pourraient leur reprocher,mais si l'on considère les sympathies "anti-industrielles" des auteurs l'on peut comprendre que leur pessimisme radical fasse remonter le début de la catastrophe au début de l'industrialisation ,au 19e siècle, et qu 'aucune panacée ne pourra jamais effacer 150 ans de destructions et d'aliènations.

EXTRAIT. (extrait d'un livre de Pierre Souyri, "La dynamique du capitalisme", cité par les auteurs et qui résume bien leur idée dominante.)

Les données scientifiques et la prise de conscience écologique sont utilisées et manipulées pour construire des mythes terroristes qui ont pour fonction de faire accepter comme des impératifs absolus les efforts et les sacrifices qui seront indispensables pour que s'accomplisse le nouveau cycle d'accumulation capitaliste qui s'annonce.

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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

Bonjour amiread1,
Comme je ne veux pas amener la discussion, à propos de ta note de lecture, vers un débat d'idées, je ne peux, tout de même, qu'opiner du bonnet à la citation de Pierre Souyri. L'idée de pollution engendre un sentiment de culpabilité qui nous fait inconsciemment accepter de futurs sacrifices pécuniers qui iront engraisser les multinationales "vertes". C'est indubitable et inévitable mais c'est peanuts car les désastres écologiques sont en marche et la réalité va bientôt nous réduire à rien. Les ressources s'épuisent et la population mondiale s'accroît de façon exponentielle. Les fossés se creusent sans cesse entre riches et pauvres. Les religions ne cimentent plus les sociétés. On s'avance vers des années sanglantes et on reste la tête dans le sable. J'espère de tout coeur me tromper mais les cavaliers de l'apocalypse s'approchent nonchalamment. Ils sont si sûrs d'eux. L'idée d'un développement durable doit leur arracher un rictus de mépris.
Bonne semaine malgré tout, cher amiread1.
Franz

C'était il y a quelques années que j'avais entendu à la radio un scientifique las d'avoir entendu les quelques promesses de gouttes d'eau dans la mer (le mythique développement durable) qui expliquait que, pour faire baisser la température de 3°C en moyenne sur Terre, il faudrait cesser toute émission de gaz à effet de serre pendant... (je ne me rappelle plus le nombre exact d'années, il était énorme, genre 80 ou 150 ans).
Comme vous vous doutez bien que personne n'est prêt à faire cela, autant dire que toutes les mesurettes prévues par les Grenelles d'ici et d'ailleurs seront sans effet.

Merci pour cette note!
Rien à dire à cette citation qui vise pil-poil et atteint son but. L'hypocrisie démago du développement durable n'est plus à démontrer... quoi que, comme un lieu commun, chacun ne jure plus que par ça.
Et si nos efforts individuels sont importants, en ce qu'ils montrent, comme un signe, l'attachement que nous avons envers notre environnement, en effet ils sont d'une inutilité affligeante, et ce n'est pas ce type d'actions qui est exigé de nous. Je ne suis même pas sûr qu'un véritable retour en arrière sera suffisant, mais bon, laissons venir, laissons venir. Dans cette histoire, de toute façon, qu'on ait raison ou qu'on ait tort de croire à l'inéluctable destruction de notre planète par la faute de notre avidité économique (entre autre), on finira tous dans le même bain...

Bon, ben bonsoir à tous les trois, et je vois tout de suite que nous sommes ,hélas , bien d'accord sur le constat et les futures et probables conséquences de l'inconséquence des politiques (mais pas eux seuls...). Comme le dit Franz avec cette image glaçante "...ces cavaliers de l'Apocalypse qui s'approchent nonchalamment..." , en fait c'est à dire qu'ils sont sûr de leur fait et que ce n'est pas nos petites et dérisoires protestations qui changeront grand chose dans le grand ordonnancement prédateur de la planète.
Notre consolation, savoir que s'ils n'en restent que quelques uns , nous seront ceux là ! et puis cela fait du bien de voir que sur le site de l'Agora l'on peut trouver des empathies, des communautés d'idées ; je me doutais bien que des gens qui aiment les livres et la lecture ne pouvaient pas être totalement mauvais....!
Bonne soirée et bon WE (pluvieux...).

Bah non, amiread1, on n'est pas que mauvais, on est un peu bon aussi ! En ce qui me concerne, je pense être balayé avec la marée (suite à la montée des eaux et à la déferlante humaine). Je n'ai pas de refuge et je n'en veux pas. J'arpente le monde et j'y déniche parfois des brimborions qui brûlent dans les talus, des fragments d'un paradis disséminé sur Terre. Cela suffit pour attiser ma joie. Je ne veux pas d'une vie sous cloche. Tiens, c'est vrai, Patrick McGoohan est décédé. On dit que le Prisonnier s'est enfin échappé du Village. On était en 1968 et c'était le bon temps de l'ORTF. "I am not a number. I am a free man !" On revient toujours à la question du sens de la vie. Autant se tourner vers les Monthy Python et leur nonsense !
Bonne soirée.
Franz

Que rajouter mon cher Franz ! je suis dans la même "optique " que toi.
Humour (la politesse du désespoir), dérision et ...Liberté.

"Chausse bottes et endosse ciré" . Le nouvel impératif catégorique de ces prochains jours...
Bonne soirée à toi.