J'aime Ponge. Je voulais sentir le jaillissement de ses mots pour exprimer l'empire imprescriptible de la chose sur l'écrivain. J'ai compris finalement pourquoi j'aimais Ponge tout en ayant horreur de la poésie, où l'on a coutume de ranger très erronément ses oeuvres; c'est lui-même qui l'explique:
"Tu saisis maintenant que, dans mon esprit, il ne s'y agit pas
du tout de la naissance d'un poème mais plutôt d'un effort
contre la "poésie". "(p. 170-171)
Dans cet ouvrage au titre si attrayant, il est question des berges de la Loire, de la guêpe, d'un oiseau, de l'oeillet, du mimosa, du bois de pins, de La Mounine près d'Aix-en-Provence...
de comment l'on peut arriver à apprendre quelque chose sur la nature la plus intime de toutes ces "choses", par un processus expressif en cours (in progress, dirait-on en anglais), fait de recherche de mots dans le Littré, de réécritures sans fin, de variantes, de commutations et permutations de vers "ad libitum" selon des numérotations et des représentations arithmétiques, de (trop) petits moments d'explication de cette poétique, de grands moments de doute sur la recherche en cours...
de quelques années cruciales (1938-1941) pour un homme et pour son pays, où il "faudrait [s'intéresser exclusivement] à la situation politique de la France et du monde [... à] notre propre situation, notre incertitude du lendemain..." "[...] Et c'est au "bois de pins" que je reviens d'instinct [...]" (p. 159).
Les 2 * qui manquent à ma fiche reflètent ma propre insuffisance à comprendre, non celle du texte à montrer (sinon à expliquer) comment et pourquoi il est né. Les 3 correspondent à ce que j'en ai saisi quand même...
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