[Le Cercle fermé | Jonathan Coe, Jamila Ouahmane Chauvin (Traducteur), Serge Chauvin (Traducteur)]

C'est la suite de "Bienvenue au club". 20 ans se sont écoulés ; tous nos héros du précédent roman se retrouvent à l'orée de l'an 2000, plus ou moins cabossés par la traversée houleuse de deux décennies de tatchérisme . Leurs ambitions , leurs rêves de réussite se sont délités dans le pragmatisme du new labour. Ceux qui s'en sortent le mieux sont aussi ceux qui ont le plus trahis.
Doug est devenu un journaliste aux dents qui rayent la ronce de noyer du tableau de bord de sa Jaguar, Paul Trotter que l'on connaissait déjà insuportable dans "Bienvenue au club" est devenu un bébé requin du new labour,girouette oscillant au gré des foucades de Tony Blair. Et puis il y a tous ceux qui ont eu du mal à s'adapter aux nouvelles donnes ; Claire, qui navigue à vue entre amants, fils et ancien mari ; Benjamin,dont les projets d'oeuvre totale littéraire et musicale s'enlise dans la trivialité de fantasmes érotico-sentimentaux ; Philipp, journaliste de quotidien de province (Birmingham quand même!! ), qui s'échine à dénoncer la recrudescence du racisme mais qui renonce à écrire "Le" livre dénonciateur,conscient de ses limites littéraires.

Très bon roman, très "anglais" par un certain sentimentalisme , incarné peut-être par Benjamin,l'étudiant doué issue de la middle working class, quelqu'un de très attachant mais qui est dans l'incapacité d'exprimer quoique ce soit ; toujours en retard d'un sentiment, gauche à l'excès avec les filles, bref un vrai coinçé, le contraire d'un latin lover !! et pourtant fou de musique et de poèsie . D'ailleurs je voudrais souligner un fil rouge qui parcours les deux romans: c'est l'amour que Jonathan Coe porte à la musique de Ralph Vaughan Williams, il en fait mention à plusieurs reprises dans les deux romans (un chapitre du Cercle fermé s'intitule d'ailleurs :Rhapsodie Norfolk, une oeuvre de R.V.Williams) ; et , à mon très humble avis, il n'y a pas plus "anglais" que la musique de Ralph Vaughan Williams (écoutez Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis, une pure merveille!!!).

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j'avais été moi aussi sensible à la constante musicale et je vais me mettre en quête de cette "Fantaisie"
ton analyse me donne l'éclairage qui me manquait et me replonge dans le plaisir que j'ai eu à découvrir ce livre