« Chacun de nous possède sa propre Jane Austen. »
Sylvia, sa fille Allegra, Prudie, Bernadette, Jocelyn et Grigg, seul homme du groupe, forment
Le club Jane Austen. Ils se retrouvent chaque mois chez l'un ou l'autre pour parler d'un des ouvrages de la romancière. Mais nul besoin de connaître l'œuvre de dame Austen pour comprendre ce qui se joue entre les protagonistes qui, au fil des pages, se racontent. Car les réunions du club ne sont que prétexte à la découverte progressive des membres qui le composent. Naissance de l'amitié entre Sylvia et Jocelyn ; désarroi de Sylvia face au départ de son mari après trente-deux ans de mariage et trois enfants ; solitude de Jocelyn l'entremetteuse qui a pour seule compagnie ses chiens de concours ; enfance agitée de Bernadette la multi-divorcée ; fantasmes de Prudie la sage pour un de ses élèves ; goût du risque pour la belle Allegra aux amours saphiques ; passion de Grigg pour la science-fiction ; rencontres, séparations, deuils, amours... chaque chapitre rappelle que la vie est l'essence des romans.
Tantôt fine observatrice des relations humaine, tantôt gentiment critique de la middle-class californienne, tantôt drôle ou piquante, d'autres fois plus superficielle, l'écriture légère de Fowler livre un ouvrage agréable et distrayant, une chronique sur l'air du temps.
Extraits
« "Lequel lirons-nous ensuite ? demanda Bernadette. Orgueil et préjugés est mon préféré.
- Allons-y, alors, dit Sylvia.
- Tu es certaine ? demanda Jocelyn.
- Certaine. Il est temps. De toute manière, dans Persuasion il y a la mère morte. Je ne veux pas imposer ce sujet à Prudie en ce moment. La mère dans Orgueil et préjugés, d'un autre côté...
- Ne révélez rien ! fit Grigg, je ne l'ai pas encore lu. »
Grigg n'avait pas encore lu Orgueil et préjugés.
Grigg avait lu Les mystères d'Udolphe et Dieu sait combien d'ouvrages de science-fiction - il y avait des livres partout dans la maison - mais il n'avait jamais trouvé le temps ou l'envie de lire Orgueil et préjugés. Nous sommes restées sans voix. »
« Lorsque j'étais en route pour l'hôpital, lui dit Sylvia, j'ai pensé que si Allegra allait bien je serais la femme la plus heureuse du monde. Mais aujourd'hui l'évier est bouché et il y a des cafards dans le garage et je n'ai pas le temps de m'en occuper. Le journal est rempli de misère et de guerres. Déjà il faut que je me rappelle d'être heureuse. Et tu sais, si ça s'était passé autrement, si quelque chose était arrivé à Allegra, je n'aurais pas eu besoin de me rappeler d'être malheureuse. J'aurais été malheureuse pour le restant de mes jours. Pourquoi donc le malheur est-il tellement plus puissant que le bonheur ?
- Un seul élément gâche tout un groupe, répondit Jocelyn. Une seule déception gâche toute une journée.
- Une seule infidélité efface des semaines de fidélité.
- Il faut dix semaines pour retrouver sa silhouette et dix jours pour la perdre.
- C'est ce que je veux dire, fit Sylvia. On n'a aucune chance. »
le cri du lézard
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