Claire Breton, la traductrice du roman policier de Tim Cockey, « Hearse of a different colour » [2001] s’est essayée au calembour (et bourre et ratatinage) avec « Le croque-mort préfère la bière ». Il fallait oser bien que le narrateur et croque-mort patenté, enquêteur malgré lui, Hitchcock Sewell, ne lésine pas sur les boissons fortes comme le Wild Turkey quand le besoin s’en fait sentir et ceci en dépit d’une « haleine de distillerie », après coup. Les autres titres de la série sont du même tonneau : « Le croque-mort enfonce le clou » ; « Le croque-mort à tombeau ouvert » ; « Le croque-mort est bon vivant »… Le lecteur est sensé se distraire du ton distancié, ironique et désinvolte du boss des pompes funèbres de Baltimore, de son humour noir, des situations cocasses (une femme assassinée est déposée à la porte de l’entreprise Sewell & Fils alors en pleine veillée funéraire) mais la mayonnaise prend difficilement, du moins au début du roman, car les situations sont mollassonnes et sentent le réchauffé, voire le brûlé. Puis, chemin faisant, le récit se décante car l’écrivain Tim Cockey sait ajuster son humour à une délicatesse non feinte pour décrire les relations entre les personnages. La connivence entre le lecteur et « Hitch » finit par s’installer et le charme opère, presque malgré soi. Sous une apparence débonnaire, voire désinvolte, Hitchcock tirent les choses au clair et dans le feu de l’action, encaisse quelques marrons et coups bas au passage ; les morts s’empilent à l’instar des bouteilles vides, ces cadavres qu’il a bien fallu ingurgiter pour tenir le choc. Certains personnages sont d’authentiques caïmans. Sewell est malmené mais tient le choc sous le blizzard persistant au-dessus de Baltimore.
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