A travers une analyse historique très méticuleuse, la sensibilité particulière de ce véritable intellectuel aux problématiques de la réception des étrangers et en général de l'altérité, nous apprend sans le moindre doute que la compréhansion de l'Autre ne va pas de pair avec la bienveillance. Celle-ci s'accompagne de l'esprit colonisateur. Les Espanols ont été sensibles au problème de la connaissance, Cortés a fait un usage d'une perversion raffinée de la culture amérindienne, de même qu'il a su se servir d'interprètes. En même temps, le débat d'idées entre les tenants de Cortés et Las Casas révèlent une grande vivacité intellectuelle et une certaine subtilité de l'observation de l'Autre à cette époque: on dirait que là aussi la Renaissance et son esprit critique a fait irruption dans les esprits, bien que les effets de cette colonisation soient connus de tous. Todorov, en fin de compte, se refuse à "prendre le parti" de Las Casas aussi, peut-être par méfiance du paternalisme protecteur, en semblant opter pour le métissage culturel d'un Duran.
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