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    Répondre au sujet L'agora des livres Index du Forum » Littérature générale    
[La vie mentie | Michel del Castillo]
Auteur    Message
amiread1



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 16 Mar 2007
Messages: 812
Localisation: Chateaudun


Posté: Dim 20 Juil 2008 2:10
MessageSujet du message: [La vie mentie | Michel del Castillo]
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Presque tous les livres de Michel del Castillo brassent les mêmes thèmes : le mensonge,le secret,relation père-mère-fils, et surtout l'Espagne ; celui çi ne déroge pas à la règle.

Un "fils de pub" arrivé et comblé par la vie (disons qu'on le voit bien en adjoint de Séguéla...) est confrontéà un double questionnement : d'une part une interrogation sur le sens de sa propre vie dans un monde factice de mensonges et de manipulations, d'autre part une recherche inquiète sur ses origines et son identité. Le roman se déroule sur deux plans parallèles ; notre monde moderne de frime et d'esbrouffe ou le héros, Salvador Portal, met à contibution tout son savoir de bac +7 pour pervertir la vérité des faits et engranger de substantiels avantages matériels ; un monde plus ancien , celui de la guerre civile espagnole (1936 et + ) qui a vu les grands-parents de Salvador en républicains intégres ne pas déroger aux lois de l'honneur

Une campagne de relations publiques consistant à redorrer le blason d'industriels ayant licencié des centaines de salariés alors que les actions de leur entreprise grimpaient au sommet du CAC 40 sera le détonnateur de la prise de conscience de Salvador
que le mensonge gouverne nos vies, et aussi sa propre vie... car, quel secret cache l'apparente froideur de sa grand-mère Véra dont le mari Rafael Portal a disparu dans des conditions non élucidées en 1936 ? Rafael Portal ami du philosophe Miguel de Unamuno et titulaire d'une chaire de civilisation arabe à Grenade...

Ce superbe roman (je reconnais être un inconditionnel de Michel del Castillo...ou presque), n'a de cesse de nous émouvoir,de nous questionner, de nous ébranler nos plus certaines convictions (ou est le Bien , ou est le Mal ? questions basiques que Del Castillo se garde bien de trancher lui qui pourtant a dû souffrir des déreglements de la guerre civile-oui il en a souffert c'est sûr- lire "Tanguy"- Et , cerise sur le gâteau, (j'ai pas pu trouver de formule plus explicite, j'ai honte...), Michel del Castillo prends la peine dans son roman de nous faire un cours succin mais sans didactisme aucun sur les tenants et aboutissants de la politique espagnole de la chute d'Alphonse XIII au début de la guerre civile : passionnant.

Mais , peut-être, peut-être, ce qui survole les presque 400 pages de ce superbe roman c'est l'esprit de cet incroyable intellectuel espagnol, recteur de l'université de Salamanca, Miguel de Unamuno. L'on savait Michel del Castillo "disciple" de ce philosophe hors du commun (sa résistance à Primo de Riviera, son exil en France, son ultime discours face aux Phalangistes...) . Toute la vie et la philosophie de Unamuno éclairent "La vie mentie" et c'est sous l'égide de cet homme probe que Salvador, notre héros fils de pub à la dérive va "résoudre" ses deux questionnements , qui suis-je, ou vais-je ? Comblé d'honneur après sa campagne de relations publiques réussie il va s'enfonçer dans le pays de son grand-père,l'ami de Unamuno, y vivre chichement et partir à la recherche des derniers compagnons du philosophe-ou de ses ennemis-il va tout simplement réapprendre à vivre.

EXTRAITS:

"Je n'avais rien découvert en Espagne ou je retrouvais la même agitation qu'a Paris, les mêmes angoisses, les mêmes envies. Ce silence et cette paix j'aurais pu aussi bien les découvrir en France, au fin fond d'une région délaissée, dans les Cévennes ou en Auvergne.Si mon choix s'était arrêté sur l'Espagne, c'était sans doute à cause de Véra, du souvenir de Rafael Portal, mon grand-père, des longs récits de Gonzalo.



Je ne possédais aucune vérité, je n'en détiendrais jamais aucune, mais je savais désormais ou elle se situait,loin, très loin, dans un ailleurs inaccessible.Je savais que l'important n'est pas ce qu'on possède,mais ce qu'on cherche.
Gonzalo,Véra,l'ombre de Rafael, celle de leur maître Unamuno,chacun avait ouvert des brèches par lesquelles je sentais s'engouffrer une brise ténue. Ce n'était peut-être que le souffle de la vie et je le respirais avec avidité, reconnaissance,sans me demander ce que la vie signifiait, ni comment l'interpréter.Je me contentais de l'accueillir avec ferveur.

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Auteur    Message
FRAC



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Posté: Mar 22 Juil 2008 11:39
MessageSujet du message:
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Merci et bravo, Amiread1, pour cette magnifique note de lecture. Ca donne vraiment envie de lire La vie mentie. J'aime beaucoup Michel del Castillo, et je pense que ce sera mon prochain objectif, lorsque j'aurai terminé tout ce que j'ai engrangé pour les vacances.
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Brujula




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Posté: Jeu 24 Juil 2008 9:56
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Ta note de lecture m'a donné envie de lire ce livre... Bien que je sache que je le traduirai sans cesse en espagnol dans ma tête, comme j'avais fait quand j'avais lu d'autres livres du même auteur il y a... une vingtaine d'années, déjà... (eh oui, mon oncle était fan et me les prêtait!)

Miguel de Unamuno... Une découverte éblouissante en terminale, avec la lecture de Niebla.... que je conseille à tout le monde. Ça avait tapé dans le mille, pile au centre de mes préoccupations d'adolescente sur l'univers, la création, notre existence, celle de ce qui nous entoure... et sur l'existence de Dieu.
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amiread1



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Posté: Sam 26 Juil 2008 22:57
MessageSujet du message:
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Eh oui Brujula ! espagnole tu es (du moins je le suppose au vu de tes notes et de ton pseudo qui correspond -pour moi- au col-puerto de Brujula- entre Miranda de Ebro et Burgos...). Comme je l'ai écrit je suis un inconditionnel de Del Castillo (et j'aime aussi beaucoup l 'Espagne,son histoire,ses paysages...) ;J'ai lu il y a quelques temps son "Journal de l'année 1999" , et là , l'on découvre l'auteur qui se met à nu (enfin presque tant la pudeur de Del Castillo est forte). Del Castillo fait certainement partie de mon "top 5" des écrivains de mon coeur (pour parler d'jeune...).
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Auteur    Message
Brujula




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Posté: Mar 29 Juil 2008 14:07
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« amiread1 » a écrit:
espagnole tu es (du moins je le suppose au vu de tes notes et de ton pseudo


Brujula: boussole... mais surtout c'est un jeu de mots que faisait une amie de mes parents: una brújula es una viéjula montada en una escóbula.

Donc oui, je suis espagnole, du moins la moitié qui n'est pas française!
Et l'oncle qui me fournissait en bouquins de Del Castillo est bien français, lui.
Je ne dirais pas que c'est un de mes écrivains préférés. Les sujets des romans que j'ai lus étaient très (trop?) sombres. Et je les traduisais en permanence en espagnol dans ma tête, c'était très agaçant. Pourtant, il les a écrits en français, pour autant que je sache...
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amiread1



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Posté: Sam 09 Aoû 2008 22:57
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Oui il les a écrits en français...! je ne me hasarderai pas à donner quelque explication que ce soit ; c'est un fait. Et je pense à Cioran,à Panait Istrati, à Nancy Huston, à Milan Kundera...

Je suis un amoureux de l'Espagne et j'envie ton aisance de maîtrise des deux langues...moi qui suis un non-doué pour tout ce qui concerne les langues.

Connais tu Miguel Delibes ? écrivain espagnol dont je viens de lire "L'étoffe des héros" et "Cinq heures avec Mario" ?
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Auteur    Message
Brujula




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Posté: Lun 11 Aoû 2008 16:02
MessageSujet du message:
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Oh oui, je connais Miguel Delibes, grand écrivain castillan. Il écrit un espagnol très pur, très propre, avec un très joli vocabulaire. Et puis il décrit la Castille de mon grand-père, celle de mes étés d'enfant, puis d'adolescente, puis de jeune adulte...
J'ai lu et relu "El Camino", qui me fait toujours penser à mon grand-père, que j'identifie à Daniel...
El príncipe destronado était très bien aussi.
Et Cinco horas con Mario, monologue d'une femme veillant son époux défunt... je n'en ai lu que des extraits, et j'ai aidé une amie à en traduire un bout en français quand elle était en Khagne.
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