La ligne de fuite est une mise en perspective de la trajectoire d'Arthur Rimbaud, de Charleville à l'Abyssinie, sous la forme d'une bande dessinée qui met en scène un poète décadent, Adrien, lancé sur les traces de "l'homme aux semelles de vent".
Vaste entreprise où il est facile de se casser les dents avec pertes et tracas mais le scénario est maîtrisé de bout en bout par Christophe Dabitch et les partis pris sont pertinents. La fiction s'insinue habilement dans la réalité (littéraire, rêvée, recomposée). Rimbaud touche bientôt à la fin de son séjour terrestre alors que son mythe prend déjà son essor. C'est sur cette charnière que l'histoire s'appuie. Le dessin de Benjamin Flao semble flottant avec ses traits brouillés et ses hachures indécises, ses belles couleurs aquarellées. Le lecteur navigue entre réalité triviale et onirisme exacerbé. Les atmosphères parisiennes, ardennaises, marseillaises, abyssines sont étonnamment bien rendues. Adrien, le poète faussaire du journal Le Décadent finit par prendre l'aspect physique d'Arthur Rimbaud. Enfin, des poèmes de Rimbaud, écrits en lettres de feu et de sang émaillent le récit, véritables filons enchâssés qui filent le frisson au lecteur :
" Des humains suffrages, des communs élans, Là tu te dégages et voles selon". Nombre d'allusions et de clins d'oeil sont faits au cours du récit et montrent la connaissance et la connivence que les auteurs ont tressées autour de l'oeuvre rimbaldienne, la vie et la poésie intimement liées.
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