L'auteur Horace Walpole (1717-1797), précurseur du roman noir, marquera de son influence de nombreux écrivains tels que Charles Robert Maturin (Melmoth), Matthew Gregory Lewis (Le moine) et Ann Radcliffe (Les mystères d’Udolphe).
« Le Château d’Otrante », paru en 1764, connaîtra dès sa publication un très grand succès. Si nous le lisons encore à notre époque, c’est avant tout en tant que roman précurseur du genre gothique et non pour ses qualités littéraires. En effet, ce roman est plus que surprenant et ne marque pas vraiment pour ses qualités intrinsèques. Véritable melting pot, le récit oscille tellement entre la fable, le roman de chevalerie, le conte de fée et le drame shakespearien qu’il finit par se transformer en véritable farce.
La farce étant par ailleurs présente dès le début du roman lorsque le jeune prince trouvera la mort le jour de son mariage écrasé et presque enseveli sous un gigantesque heaume, cent fois plus grand qu’aucun casque jamais fait pour un être humain et appartenant à une entité géante qui hantera à partir de ce jour les couloirs du château.
Les personnages ne brillent pas non plus par leur originalité ni par leur complexité : les gentils sont très gentils (les princesses Mathilde, Hippolite, Isabelle), les méchants sont très méchants (le Prince Manfred), le héros romantique aux valeurs chevaleresques est très romantique (Théodore).
Oui mais pourquoi lire ce roman alors ? Mais parce que nous retrouvons pour la première fois tout l’attirail que les futurs auteurs gothiques reprendront en améliorant les procédés : le château hanté, la tour noire, les cachots, les souterrains lugubres, les passages secrets, le cimetière, le monastère, les spectres, les fantômes et les prophéties.
Je pense que la lecture du récit « Le Château d’Otrante » de Horace Walpole s’impose avant tout à ceux qui veulent rendre hommage au précurseur du roman noir. Quant à moi, je l’ai trouvé assez amusant tout compte fait !
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