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[Le livre de ma mère | Albert Cohen] |
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Auteur |
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Message |
elisala
Sexe: Inscrit le: 09 Mar 2006 Messages: 786 Localisation: Paris, idf
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Posté: Mar 10 Juin 2008 11:11
Sujet du message: [Le livre de ma mère | Albert Cohen]
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L'auteur parle de sa mère qui est morte.
et ce, pendant 175 pages.
c'est dire si c'est un peu long.
Certes, le titre était un indice, mais on aurait pu espérer un peu plus que 175 pages plutôt larmoyantes, voire limite morbides parfois, à se lamenter sur la mort de sa mère, avec moult rabachages, auto-apitoiement, absence quasi-totale du père, et généralisations sur le deuil et l'amour maternel par ci par là.
Heureusement, ça reste du Albert Cohen, l'écriture est intéressante (mais vraiment répétitive), et quelques réflexions bien intéressantes sur le deuil, la mort, la vie, viennent (ouf!) ajouter un peu d'intérêt à cette lecture.
NB: ce livre a été écrit, je le pense, très peu de temps après la mort de sa mère, on peut considérer ça comme un travail de deuil de la part de l'auteur. ça n'en rend pas l'exercice moins pénible pour le lecteur (en tout cas pour moi)
et un petit édit: en cherchant d'autres avis sur ce livre sur le site du bookcrossing, je suis tombée sur un avis qui est surtout une histoire, qui, elle, m'a touchée. alors je ne résiste pas à l'envie de mettre le lien ici: http://www.bookcrossing.com/journal/2862187
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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]
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Message |
andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
Âge: 67
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Message |
elisala
Sexe: Inscrit le: 09 Mar 2006 Messages: 786 Localisation: Paris, idf
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Message |
Brujula
Sexe: Inscrit le: 20 Avr 2006 Messages: 483
Âge: 59
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Message |
Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2643
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Posté: Lun 30 Juin 2008 13:04
Sujet du message:
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« Brujula » a écrit: Merci beaucoup pour le lien... et merci à victor-schmara pour cette très belle JE.
Oui, merci à tous de nous offrir ces moments de vos vies et de vos plumes.
Je ne connais le Livre de ma mère que par extraits, ils étaient pleins de sourires mêlés de larmes.
Il y a également un poème de Supervielle nommé "Le Portrait", où le poète parle à la photo de sa mère, qu'il n'a pas connue. Je l'avais lu lors d'une soirée-lecture à Aix-en-Provence cette année.
Le portrait
Mère, je sais très mal comme l'on cherche les morts,
Je m'égare dans mon âme, ses visages escarpés,
Les ronces et ses regards.
Aide-moi à revenir
De mes horizons qu'aspirent des lèvres vertigineuses,
Aide-moi à être immobile,
Tant de gestes nous séparent, tant de lévriers cruels !
Que je penche sur la source où se forme ton silence
Dans un reflet de feuillage que ton âme fait trembler.
Ah ! sur ta photographie
Je ne puis même pas voir de quel côté souffle ton regard.
Nous nous en allons pourtant, ton portrait avec moi-même,
Si condamnés l'un à l'autre
Que notre pas est semblable
Dans ce pays clandestin
Où nul ne passe que nous.
Nous montons bizarrement les côtes et les montagnes
Et jouons dans les descentes comme des blessés sans mains.
Un cierge coule chaque nuit, gicle à la face de l'aurore,
L'aurore qui tous les jours sort des draps lourds de la mort,
A demi asphyxiée,
Tardant à se reconnaître.
Je te parle durement, ma mère ;
Je parle durement aux morts parce qu'il faut leur parler dur,
Debout sur des toits glissants,
Les deux mains en porte-voix et sur un ton courroucé,
Pour dominer le silence assourdissant
Qui voudrait nous séparer, nous les morts et les vivants.
J'ai de toi quelques bijoux comme des fragments de l'hiver
Qui descendent les rivières,
Ce bracelet fut de toi qui brille en la nuit d'un coffre
En cette nuit écrasée où le croissant de lune
Tente en vain de se lever
Et recommence toujours, prisonnier de l'impossible.
J'ai été toi si fortement, moi qui le suis si faiblement,
Et si rivés tous les deux que nous eussions dû mourir ensemble
Comme deux matelots mi-noyés, s'empêchant l'un l'autre de nager,
Se donnant des coups de pied dans les profondeurs de l'Atlantique
Où commencent les poissons aveugles
Et les horizons verticaux.
Parce que tu as été moi
Je puis regarder un jardin sans penser à autre chose,
Choisir parmi mes regards,
M'en aller à ma rencontre.
Peut-être reste-t-il encore
Un ongle de tes mains parmi les ongles de mes mains,
Un de tes cils mêlés aux miens ;
Un de tes battements s'égare-t-il parmi les battements de mon cœur,
Je le reconnais entre tous
Et je sais le retenir.
Mais ton cœur bat-il encore ? Tu n'as plus besoin de cœur,
Tu vis séparée de toi comme si tu étais ta propre sœur,
Ma morte de vingt-huit ans,
Me regardant de trois-quarts,
Avec l'âme en équilibre et pleine de retenue.
Tu portes la même robe que rien n'usera plus,
Elle est entrée dans l'éternité avec beaucoup de douceur
Et change parfois de couleur, mais je suis seul à savoir.
Cigales de cuivre, lions de bronze, vipères d'argile,
C'est ici que rien ne respire !
Le souffle de mon mensonge
Est seul à vivre alentour.
Et voici à mon poignet
Le pouls minéral des morts,
Celui-là que l'on entend si l'on approche le corps
Des strates du cimetière.
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