Quelle déception que ce roman qui n'a fait que me tomber des mains! D'autant plus amère que j'avais adoré Les Cinq rêves du Scribe, et que le parcours de cette auteure née en Iran, ayant grandi en Ouganda, étudié en Angleterre et vivant aujourd'hui en France m'interpelle au plus haut point.
Nous sommes encore dans l'Iran du XIXe siècle, au coeur de la cour des Qâdjârs, dont le shah essaie d'entreprendre des réformes modernisatrices qui heurtent la population en révolte et en particulier le clergé. Dans ce roman historique, l'on aparçoit qu'une figure de femme lettrée, poétesse ou rhétoricienne, prônant l'alphabétisation des femmes, et peut-être appartenant à une secte schismatique récente, y est pour quelque chose. Elle apparaît comme la prisonnière d'un palais transformé en prison, tantôt nourrie à pain et à eau, tantôt choyée par la gens féminine de la cour, toujours protégée par un shah qui n'est cependant qu'un personnage mineur et de minime épaisseur - caractérielle tout autant que narrative.
La technique du récit est très abile, qui alterne deux temps historiques, le début et la fin du règne du shah, et où se succèdent des parties qui associent la Prisonnière à la perspective de certaines femmes de l'entourage proche du Shah: la reine mère, la princesse soeur, etc.
Pourtant cette matière première d'un grand intérêt ainsi que cette technique originale et bien maîtrisée ne compensent pas voire même approfondissent, à mes yeux, la lacune de la documentation et de l'exposé des faits historiques, aussi bien du contexte que de cette héroïne qui semble avoir réellement vécu. Des centaines de pages de variations sur le thème des complots de la cour et de la rivalité pour le pouvoir (notamment entre la reine mère et le grand vizir et le shah lui-même) finissent par n'être que répétition. Sans doute s'agit-il d'une recherche de nouveauté et d'originalité dans le genre du roman historique, où l'accent est mis beaucoup plus sur le premier que sur le second vocable; néanmoins, pour ma part, cette recherche a réussi à merveille dans Les Cinq Rêves du Scribe, où justement la référence onirique était déterminante, mais pas du tout dans ce dernier roman, car finalement, de cette Femme qui lisait trop, je n'ai presque rien appris... Il me reste tout de même de la curiosité pour son premier roman, La Sacoche.
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