Citation:
« J’ai découvert la mort dans une paume ouverte.
Approcher doucement ma main. Savoir qu’après, c’est plus jamais. Toucher.
J’ai vingt ans.
La mort, c’est immense.
[…]Nous avons perdu l’homme de la maison. J’aimais ses mains.
Quittes de toute étreinte, elles se sont ouvertes.
Son poing fermé retenait le monde. Je n’ai plus de frontières.
Une fille prête à embrasser les morts, voilà ce que je suis devenue. »
Ainsi commence « Un jour mes princes sont venus », qui aurait pu s’intituler « Le regard du père ou son absence». Un père parti trop vite alors qu’il restait tant à se dire, des amants quittés trop tôt par refus de s’attacher à un autre homme.
Cette femme s’interroge sur son comportement en revenant sur ses amants passés avec lucidité mais beaucoup de tendresse aussi. Pas de reproches, pas de parti pris, juste la souffrance de l’absence.
Citation:
« Je voudrais que tu m’aides, mon père. J’ai besoin de toi. Apprends-moi les hommes. Apprends-moi comme c’est différent de moi. Il n’y a que ce qui me ressemble que je cherche en eux ? Ca ne va pas. Ca ne va pas du tout.
Donne-moi un rendez-vous, tu veux ? Sur le port. Dans un café. J’aimerai que tu m’attendes tranquillement à une table…
Je suis toujours un peu en retard.
Tu as pris tellement d’avance.
[…]Voilà. Pose ta tasse. Merci. Regarde-moi. Et parle.
Je pourrais t’écouter longtemps. Toute la nuit s’il le faut. Ce serait si bien de voir le jour se lever ensemble sur le port. On ne l’a jamais fait. Tu aurais parlé toute la nuit. Toute la nuit je t’aurais écouté.
Alors le jour serait vraiment le jour. Je saurais ce qu’est un homme.
[…]Pourquoi faut-il toujours arracher les mots de la bouche d’un mort ? »
Il s’agit de mon premier roman de Jeanne Benameur. Plus connue pour son roman Les demeurées mais malheureusement indisponible à la bibliothèque, je me suis rabattue sur le seul disponible actuellement. Et je n’ai pas été déçue !
Jeanne Benameur arrive a susciter une réelle émotion avec des mots simples et poétiques à la fois, des phrases courtes qui évitent tout superflu. Une très agréable découverte.
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