Retrouvons donc notre lèche-cul préféré pour sa dernière aventure sur ces pages. Oui, autant parler de Sepulveda me fait beaucoup rire, autant lire ses livres est devenu un calvaire que je ne pense pas perpétuer toute ma vie.
La nouvelle cible de notre tête-à-claques chilienne sera le professeur d'histoire contemporaine. Notre jeune Luis a bien révisé ses leçons, surtout en ce qui concerne les dictatures sud-américaines et l'Allemagne pré-tombage de mur. Il a accumulé plein de renseignements passionnants sur ce que les livres occultent habituellement à nos chères têtes blondes. Sauf que Sepulveda, au lieu d'assimiler ses informations, nous dégueulent tout dans un foutoir monstrueux, tellement indigeste qu'on en vient à confondre les deux pays (et pourtant, pour confondre l'Allemagne et le Chili, faut y aller!). C'est tout le problème des oeuvres qui ont attrait aux services secrets et autres espions. Si l'auteur ne clarifie pas la situation dès le début et ne s'attache pas à une ligne de conduite rigoureuse, l'intrigue part vite en sucette, entre traîtres, double-espions, et innocents-qui-sont-en-fait-espions-des-méchants-mais-gentils-quand-même. Sepulveda a dû sentir dès le départ que son intrigue était bien mince : un ancien espion doit retrouver un lot de pièces d'or pour sauver son amoureuse. Autant dire que ça ne vaut même pas une adaptation à la Allan Quatermain! Alors pour faire plus étoffé, Sepulveda décide de tout doubler, histoire de. Après tout, les Allemands sont les inventeurs du Doppelgänger, alors on va en créer un pour chacun. Ce n'est donc pas un homme qui vole les pièces d'or, mais deux. Ce sont également deux hommes qui recherchent ces pièces des années plus tard. Ils sont chacun suivis par un supérieur plus ou moins louche. Vous voyez où je veux en venir? Sauf que doubler du vide, ça n'a jamais donner de la consistance à quoi que ce soit. Ca fait juste encore plus de vide. D'aucuns pourront me dire que je suis passé à côté de ce qui fait l'intérêt du livre, que c'est une dénonciation de la cupidité de l'homme et de la condition terrible dans laquelle se trouvent ceux qui ont défendu leur pays et du jour au lendemain se sont vus étiquetés de traîtres. Que c'est un livre sur la morale et l'amour d'un homme prêt à tout pour sauver la femme qu'il aime. Oui, bon, et alors? Il n'est pas très difficile de trouver la morale du livre, étant donné que Sepulveda nous assène des extraits de conte initiatique à la Paulo Coelho entre chaque partie, mais est-ce que tout cela donne vraiment une dimension métaphysique au roman? Je n'en suis pas sûr...
Avec tout ça, rajoutez tous les tics de Sepulveda : un récit en forme de quête, l'évocation de la Terre de Feu et des Indiens qu'on massacre, et le titre. Oui, parce que Sepulveda est un auteur qui choisit des titres de merde. D'ailleurs, je me demande s'il ne construit pas un livre à partir d'un titre, et qu'il se retrouve toujours embêté pour recaser ce titre dans le roman. Prenez "Le Vieux qui lisait des romans d'amour". C'est tout mimi tout gentil. Mais franchement, est-ce que ça colle au héros de l'histoire? Non! Non seulement ce titre n'apporte rien au livre, mais en plus il trompe certains lecteurs qui s'attendent réellement à lire un récit sur un vieux qui lisait des romans d'amour. Ici, c'est pareil. "Un nom de torero", ça n'apporte absolument rien au livre, ni aucun éclairage sur le personnage concerné. Sepulveda introduit simplement toute les trente pages un personnage qui dit : "Vous vous appelez Juan Belmonte, comme le torero?" Voilà. Passionnant, n'est-il pas?
C'est donc sur cette note que je dis un adieu définitif à Sepulveda. À moins d'un miracle ou d'un pari stupide que j'aurais perdu, nous ne rencontrerons plus.
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