Dominique Fernandez et son ami photographe Ferrante Ferranti ont effectué plusieurs voyages en Roumanie dans les années 90-95,après la chute du "Danube de la pensée" mais bien avant l'entrée de ce pays dans la communauté européenne.
Je reviens précisemment de Brasov (Transylvanie) et ce livre ne pouvait mieux tomber pour entretenir mon amour de la Roumanie.
Les auteurs ne cachent d'ailleurs pas leur tendresse pour ce pays mal aimé,ballotté par l'histoire,encore l'objet d'idées fausses et de jugements hatifs. Leur périple est avant tout dicté par la découverte des trésors artistiques-les monastères de Bucovinie,les églises orthodoxes,les villes saxonnes de Transylvanie- mais ils ne négligent aucunement les merveilles du Delta ou les petits villages du Maramuresch...Le tout conté dans un style léger sans didactisme,sans pédanterie, avec toujours le souci du détail "qui tue"... (les arrets dans les restaurants sont assez croquignolets).
Il est vrai que les toutes premieres années 90 furent difficiles ; le pays était à bout de souffle et la purge de l'économie de marché était par trop violente à un corps social désemparé. Dominique Fernandez en bon observateur (il note jusqu'aux marques de voitures, ce qui pour un intellectuel...), remarque ,compare,analyse, et c'est toujours juste.
Et puis comment ne pas ètre ému lorsque notre écrivain stendalhien, grand défenseur de l'art, de la culture,tombe sur des roumains-léttrés ou pas-qui l'entretiennent de littérature française, et dans notre langue évidemment. C'est d'ailleurs l'occasion pour D. Fernandez de pointer le peu d'empressement de notre pays à "exporter" le meilleur de notre culture (et ça ne vas pas aller en s'améliorant les amis...). Un passage du livre est proprement saisissant :invité par les autorités d'une petite ville à une distribution de livres français arrivés par l'intermédiaire d'une association franco-roumaine, Fernandez tombe sur...Pierre Poujade (oui le Poujade du "Poujadisme"-nous sommes en 1990), se pavanant,se gonflant d'importance... Fernandez jette un oeil sur les bouquins,et c'est la honte... que des rossignols matinés des rebuts de la collection Harlequin... Voilà ce que la France envoie .
Enfin,last but not least, (c'est ça ?), Dominique Fernandez nous entretient de ces écrivains roumains qui s'appellent Cioran, Istrati,Eliade et de leur grand musicien Enescu; que du beau monde.
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