L'Angleterre, fin des années 90. Une dictature aux allures de 1984 d'Orwell et de Farheinet 451 de Bradbury : les gens n'ont droit qu'à un seul programme video et radio. Des émissions qui sont formatées par le gourvernement et pour le gouvernement. La population est filmée, écoutée, surveillée aux moindres mouvements. Les noirs, les homosexuels, les asiatiques, les dissidants : tous ont été éradiqués. Il ne reste qu'une population docile soumise à la Voix, la Main, le Nez...
Mais voilà qu'un étrange vengeur (V) apparaît et parvient à faire exploser le Parlement.
Cette BD est époustouflante : d'une densité littéraire et illustrative extrèmement étouffante et captivante. Le lecteur est entraîné petit à petit dans les méandres de la spirale terroriste. Un peu comme la jeune Evey qu'il prendra sous son aile. On découvre petit à petit d'où il vient, les horreurs commise par le Parti, la vengeance personnelle et la soif de liberté et de justice universelle.
V pour Vendetta grouille de personnages secondaires touffus, complexes, qui vont connaître des bouleversements terribles, conséquences plus ou moins direct de la révolution en marche. Des portraits psychologiques lacérés par le couteau de la violence. Des traits dessinés avec un coup de crayon qui met en avant les émotions qui peu à peu naissent chez les personnages, et les détruisent : soit pour les tuer, soit pour leur permettre de se reconstruire.
Les textes sont également très profonds, mêlant des citations et des pensées socio-politiques fortes. Il y a donc beaucoup de textes, qui prennent parfois énormément de place dans les cases. Des phrases longues qui s'étalent sur plusieurs actions.
L'épaisseur du dessin, le condensé des mots et la multitude de personnages secondaires importants font que parfois le lecteur peut avoir besoin de se détacher un peu de la BD, de respirer un bon coup, de poser à plat toutes les informations qui nous assaillent pendant la lecture. Sous peine d'être submergés et complètement paumés. Une BD qui se relit, sans nul doute, parce que des choses nous échappent, des détails filent entre nos doigts.
V pour Vendetta mêle merveilleusement une écriture fine et travaillée et une illustration brute et sombre. M'étonne pas qu'ils en aient fait un si bon film.
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