[La justice de l'inconscient : Les carnets de Max Libermann | Frank Tallis]
Nous sommes à Vienne, au début du vingtième siècle.
Le mysticisme est à l'honneur suite à l'influence de
Madame Blavatsky, fondatrice de la théosophie. Les séances de spiritisme ne sont pas rares et la crainte mais également le désir de dominer certaines forces occultes offrent l'opportunité à certaines comédiennes plus ou moins douées d'abuser des membres crédules de l'assemblée.
La très belle
Fräulen Löwenstein fait partie de ces spirites très en vogue à cette époque.
Découverte morte, allongée sur la méridienne dans une pièce enfermée de l'intérieur, le cœur transpercé de manière bien étrange dans la mesure où aucune balle ne sera retrouvée lors de l'autopsie. Fräulen Löwenstein aurait-elle fait appel à quelques forces obscures malfaisantes ou s'agit-il tout simplement d'un meurtre en bonne et due forme ?
L'inspecteur
Oskar Rheinhard est chargé de l'enquête. Un peu dépassé par le mystère qui entoure ce meurtre, il n'hésite pas à demander l'aide de son ami Max Lieberman, jeune psychiatre juif et pianiste à ses heures.
Max Lieberman est un fervent disciple de
Freud, professeur très controversé à cette époque. Séduit par les concepts psychanalytiques, il n'hésite pas à recourir à l'interprétation des rêves et des troubles du langage afin de pénétrer le fonctionnement de l'inconscient des personnes suspectées.
Parallèlement à cette enquête,
Max Lieberman reçoit une jeune patiente anglaise,
Amelia Lygdate, souffrant de toux et de paralysie de la main droite. Cette militante des droits de la femme veut profiter du fait que l'université de Vienne ait enfin accepté d'ouvrir ses portes aux étudiantes en médecin pour y suivre des cours. Pour se rapprocher des lieux, elle n'hésite pas à devenir gouvernante chez un couple viennois mais il semblerait que le prix à payer ne soit pas des moindres lorsque le propriétaire des lieux s'intéresse d'un peu trop près à sa personne. Max Lieberman refuse de se représenter les symptômes de sa patiente comme une faiblesse du système nerveux, et de ce fait, exclu toute séance d'électrothérapie très en vogue à l'époque pour soigner l'hystérie. Au risque de se faire renvoyer de l'université, Max Lieberman considère ces symptômes comme résultant d'expériences traumatiques qu'il s'efforcera de découvrir en recourant à l'hypnose et à la technique de l'association libre recommandée par
Freud.
La justice de l'inconscient est un polar ancré dans son époque, à savoir la Vienne du début du vingtième siècle où l'on peut croiser
Freud,
Klimt,
Schoenberg mais également l'influence de quelques médiums sans oublier la
philosophie pangermaniste qui s'ancre de plus en plus dans toutes les couches de la société, sorte de mélange de mysticisme, racisme et d'idéalisme populaire. N'oublions pas que Freud, si controversé par ses pairs, doit subir une certaine forme d'ostracisme à cause de ses théories nouvelles jugées scandaleuses mais aussi du fait qu'il est juif et que la psychanalyse est dépréciée par certains en la qualifiant de "psychologie singulièrement juive".
Amateur d'histoire, de psychanalyse et de polar,
La justice de l'inconscient ne pourra que vous ravir.
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