Rose est une jeune fille de 15 ans pas comme les autres. Elle fréquente une école spéciale et paraît la moitié de son âge. Rose est un peu protégée et préservée du monde qui l'entoure par un père qui ne dit pas vraiment quelle est sa profession et par une mère qui cache bien des choses sur sa famille et son passé.
Rose s'imagine que son père n'est pas son vrai père, et se demande comment une femme aussi magnifique que sa mère ait pu engendrer une fille "comme elle".
Après une dispute de ses parents, Rose constate que sa mère attend tous les jours avec impatience le journal pour se plonger dans les petites annonces.
Rose prend peur : et si sa maman voulait quitter son père ?
Rose s'inquiète aussi de l'humeur dépressive dans laquelle s'enlise sa maman au fil des jours.
"Elle s'est éteinte. Elle n'a pas bougé depuis le matin, elle était juste assise devant le journal sans plus remuer qu'une bûche.
[…]Maman toujours restait inerte. J'ai cru qu'elle posait, je me suis dit, elle pose pour quelqu'un que je ne vois pas et qui est pourtant dans la pièce, quelqu'un qui exige d'elle la plus parfaite immobilité.
[…]Mais au bout d'une semaine, je me suis rendu compte qu'elle était en train de disparaître bel et bien en face de la télé, elle semblait déjà presque absorbée par le fauteuil chenille, je la voyais un peu moins distinctement chaque jour, ses contours devenaient flous.
Je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose."
Et Rose va effectivement faire quelque chose pour faire réagir sa mère : elle va se jeter par la fenêtre avec sa nouvelle cape à doublure fushia satin.
"Je conçois maintenant que ma réaction n'était pas rationnelle mais je n'ai bien entendu pas analysé toutes les implications de mon geste.
J'ai accompli la chose avec une certaine désinvolture, une sorte de complaisance riante, un peu comme j'aurais pu monter dans le wagonnet de queue des montagnes russes. Trop y cogiter aurait amoindri la capacité jubilatoire de mon geste.
J'y suis allée avec panache."
A son retour de l'hôpital, la maman de Rose a disparu. Envolée, volatilisée.
Rose va trouver du réconfort auprès de sa voisine âgée de plus de 60 ans, tout en essayant de comprendre la disparition de sa mère en colmatant à l'aide de son imagination les failles laissées par les mensonges et les non-dits de ses parents.
Déloger l'animal est un récit tout en finesse et non dénué de poésie d'une jeune adolescente à l'allure de petite fille étrange et fantasque. Je ne parlerai pas de coup de foudre en ce qui me concerne mais la plume de Véronique Ovaldé ne m'a pas laissée indifférente non plus. A suivre donc.
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