Sans famille!
J'ai entendu beaucoup de bien de cette auteure du sud des États-Unis et ayant des livres d'elle dans ma bibliothèque, je tente l'expérience.
Elle est née en 1960 en Caroline du Nord où elle réside encore.
Ellen Foster a 11 ans et pas la langue dans sa poche. Elle nous entraîne dans un long monologue pour nous raconter sa courte vie.
Elle voulait tuer son père, l'alcool s'en est chargée. Comme sa mère est également décédée, elle se cherche une autre famille ou même plusieurs!.
Elle revient sur la mort de sa mère et la cérémonie qui a suivi, le ridicule de sa tante, sa cousine qui a le même âge et qui urine dans la voiture. Nous faisons en cette circonstance très rapidement connaissance de sa grand mère maternelle.
Certains soirs, la peur est là, quand son père ramène des ivrognes comme lui et qu'ils parlent d'expériences avec des jeunes filles à peine plus âgées qu'elle.
Portant des traces de coups, elle est retirée à la garde de son père.
Elle connaît un long moment de bonheur en vivant chez sa professeur de dessin et son mari, mais la justice la rend à sa famille. "La maman de ma maman" en l'occurrence, vieille femme dérangée, pingre mais riche, pleine du pouvoir que lui donne sa richesse, mais elle aussi passera de vie à trépas.
Pour Ellen, la quête d'une famille reprend!
Ellen est attendrissante, combattante et lucide, elle s'attachera à beaucoup de monde, mais pas aux membres de sa propre famille.
Son amie Starletta est noire, mais elle se sent chez elle dans son entourage.
Elle aimera aussi Jane et Rory, ex-hippies et écologistes, et enfin sa nouvelle maman et les nombreux enfants qui habitent sa maison.
Malgré le sordide du récit, une certaine joie de vivre dans la narration et le style de l'écriture font que ce roman à l'humour grinçant se lit avec une certaine jubilation. On suit la tentative d'Ellen de vivre normalement avec un père absent, le passage sur les fêtes de Noël est particulièrement touchant.
Le sud tel qu'en lui même, quand la religion ou le racisme ambiant modèle la vie et l'esprit des gens. Reconnaissons que peu d'écrivains sudistes se voilent la face sur les problèmes qui leur sont propres, ni sur les erreurs du passé. Un juste équilibre ne rend pas ce livre larmoyant, mais vivant et au final plein d'espoir pour l'avenir.
Extraits:
- Mais je n'ai pas tué mon papa. Il a tellement bu qu'il en est mort, un an après que l'assistance publique m'a enlevée de chez lui.
- Ma maman, même sa peau avait l'air de ne plus avoir le courage de contenir quelqu'un d'aussi faible qu'elle.
-Le Seigneur règle ses affaires comme il l'entend.
- Il se croit tellement drôle qu'il en rit tout seul.
-Jusque là, je savais que c'était un salaud, mais j'avais pas la preuve.
- Vous filez avant qu'ils ne commencent à rêver tout haut du beignet au miel bien baveux.
- Ici, il a une maman, mais on ne lui a pas donné de papa.
- On aurait dit les vieux jours de l'esclavage, à les voir traîner et se disputer sur la véranda.
- La méchanceté la rendait vive comme une bête dans la jungle.
- Mais je connais ma Starletta. Son corps pousse à toute allure, et la réflexion lui vient avec.
- Et c'est de là que j'ai pris le nom de nouvelle maman.
Éditions :Rivages.
Titre original: Ellen Foster.
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