Les chevaliers de l'escalier rond est le premier roman de l'auteur islandais Einar Mar Guðmunsson, qui fut d'ailleurs très remarqué puisqu'il reçut le Prix du premier roman islandais.
Nous sommes en présence de cette catégorie de romans plutôt courts mais qui demandent plusieurs jours de lecture afin de ne pas se lasser de l'humeur vagabonde du récit et de mieux se laisser imprégner par l'état d'esprit qui s'en dégage.
Nous accompagnons la vie et l'imaginaire d'un enfant de 6-7 ans : tout événement, qui aux yeux d'un adulte peut paraître anodin, prend ici des dimensions burlesques, comiques, étranges, inquiétantes aussi. Car les jeux et les rêveries infantiles ne sont jamais préservés de la dureté de la vie : les rapports de force, la tentation de défier les interdits et la crainte des conséquences, la peur d'être rejeté, la violence et les accidents conduisant à des tragédies peuvent surgir brutalement et vous laisser dans un état de dénuement extrême.
J'ai apprécié ce roman sans pour autant crier au génie de l'auteur car ce premier roman n'est pas exempt de quelques défauts : difficile en effet de retrouver les paroles de Johann dans la bouche d'un enfant de son âge, il n'y a pas vraiment d'histoire complète mais un enchaînement de petits moments de vie qui se succèdent quelquefois plus ou moins maladroitement.
Mais je retiens surtout l'originalité de ton de l'auteur et son talent à distiller une atmosphère en quelques lignes. J'ai été très sensible à l'ambiance très bien rendue du dernier quart du roman, je me suis sentie très proche de mes angoisses d'enfant lors de la narration des jeux interdits et des récits fantasmagoriques dans l'ombre de l'escalier rond des jeunes chevaliers.
Einar Mar Guðmunsson nous confirme que le monde de l'innocence n'est définitivement pas celui de l'enfance.
Sans aucun doute, un auteur à suivre…
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