Neige est un conte japonais écrit par un Occidental. Sa minceur (96 pages réparties sur 54 chapitres et trois parties) le rend presque diaphane. Autant dire que la forme du livre est en adéquation avec le fond de l'histoire. Au XIXe siècle, au Japon, Yuko aime la neige et le haïku (court poème de dix-sept syllabes). Pour devenir poète officiel, il doit parfaire son instruction auprès de maître Soseki et apprendre l'art des couleurs.
Le contenu peut sembler mince et cousu de fils blancs. Il faut d'emblée admettre qu'on se situe dans un conte et non dans la vraie vie sinon tout est abracadabrant. Il ne faut pas non plus commettre l'erreur de fragmenter sa lecture sinon le propos devient mièvre et prétentieux : "Comment un peintre devenu aveugle pouvait-il lui enseigner l'art de la couleur ?" ; les situations convenues et bêtasses : "...il fit l'amour avec la jeune fille de la fontaine. Il la prit dans la neige, sous la ramure de cristal d'un cerisier. Ils recommencèrent sept fois. Avec violence. Jusqu'à ce que son membre ressemble à un vieil artichaut et le sexe de la jeune fille à une striure violette."
Ces mises en garde respectées, le texte peut dégager de l'émotion et ouvrir un champ d'investigation vraiment excitant. Un paysage se dilue et s'estompe dans le blanc du brouillard, cela suffit pour que la poésie affleure, devienne, soit une source d'émerveillement, soit se confine à un "embêtement blanc" (selon Rimbaud). Cela dépend du point et de la hauteur de vue.
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