[L'honneur perdu de Katharina Blum, ou, Comment peut naître la violence et où elle peut conduire | Heinrich Böll]

Katharina Blum est une employée de maison irréprochable moralement et professionnellement et n'a jamais rien obtenu que grâce à son honnêteté et ses efforts. Elle fait soupirer beaucoup d'hommes mais n'a jamais accordé ses faveurs qu'un soir, sur un coup de tête, à un inconnu, Ludwig Götten... Cela est à l'origine de tous les ennuis graves qui toucheront désormais sa personne et celles de ceux qui tâcheront de la soutenir, mais la cause directe sera surtout un JOURNAL (en capitales dans le texte) dont les méthodes sont pour le moins nauséabondes et criminelles.

Pas de suspense : Böll nous annonce d'entrée de jeu que le "journaliste" qui causera la ruine de la vie (en touchant l'honneur) de Katharina Blum sera abattu par elle et qu'elle ne cherchera pas à le dissimuler. Or même en connaissant la lourde "punition" du "journaliste", je suis restée ahurie en passant d'un article de journal à l'autre, tantôt résumés, tantôt livrés intégralement (pour celui du dimanche, un paroxysme dans l'ordure), tous sont ignobles, les derniers délirants et pas passibles de la peine de mort (comme l'a décidé Katharina), mais de peines de prison lourdes. Böll démontre qu'une entreprise aussi outrancière, systématique et violente de démolition de l'honneur d'autrui est un acte de pure délinquance qui peut appeler des réactions désespérées et violentes elles aussi. Et personne ne s'en relève complètement : la plupart des gens conviennent qu'il y a peut-être eu de l'exagération mais ne peuvent imaginer qu'on puisse extrapoler à ce point, demeurent intimement convaincus qu'il y a un "fond de vérité". Le style de Böll est distancié, un tantinet ironique, imitant tantôt les chroniques, tantôt les compte-rendus d'enquête, celle sans doute qu'a pu mener le malheureux Me Borna, l'avocat employeur et ami de Katharina, pour la disculper.

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Le plus ahurissant c'est que le JOURNAL n'est que trop réel et qu'il continue à déverser ses mensonges tous les jours et qu'il a un des tirages les plus forts dans le paysage médiatique allemand; il s'appelle BILD et il est à éviter impérativement!

Mais oui c est exact ! j avais oublié le rapport du livre de Boll avec le fleuron de la presse d Axel Springer ; son tirage rendrait les quotidiens français jaloux (+ de 1 000 000 d ex.) Bon, soyons pas tristes, nous aussi en France on peut lire la presse du groupe (tiens Télé Magazine par ex, avec la belle Adriana en couv cette semaine).