En Antarctique, dans l'immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un banal relevé du relief sous-glaciaire quand leurs appareils sondeurs captent un signal : il y a un émetteur sous la glace ! Savants et techniciens venus du monde entier creusent la glace à la rencontre du mystérieux signal et découvrent les vestiges d'une civilisation engloutie, vieille de neuf cent mille ans. Cette civilisation, en avance sur la notre bien que plus ancienne, se sachant menacée par une guerre totale qui risquait de la détruire entièrement, a mis à l'abri dans une sphère d'or un homme et une femme susceptibles de faire renaître la vie après le passage du fléau. Cette femme et cet homme endormis depuis neuf cent mille ans, on va alors tenter de les réveiller, pour connaître leur histoire, l'histoire de leur civilisation et de sa destruction. Pour comprendre et apprendre. Et l'on va découvrir la merveilleuse et tragique histoire d'une civilisation disparue et celle tout aussi merveilleuse et tragique d'Eléa et de Païkan.
L'esprit scientifique, l'imagination, l'humour, le lyrisme et la qualité d'écriture (à la fois maîtrisée et poétique) de Barjavel font merveille dans la reconstitution de cette double épopée : celle des hommes d'il y a neuf cent mille ans racontée aux hommes du XXIe siècle, qui vivent aussi la leur. Et comme dans tous les bons romans de science-fiction, les nombreuses extrapolations techniques n'ont d'autre rôle que de dresser un décor, de créer un climat. L'essentiel, c'est la peinture d'une humanité, et c'est le rapport entre cette humanité et la nôtre. Par cette confrontation le romancier dépeint l'homme d'aujourd'hui (ses limites, ses erreurs et ses rêves) et son récit a des résonances politiques, scientifiques et morales très actuelles. "Nous savons au moins déjà une chose, c'est que l'homme est merveilleux, et que les hommes sont pitoyables".
Barjavel distille dans son récit son message humaniste et pacifiste : il avertit du danger que le progrès scientifique et technique fait peser sur l'humanité, il délivre un message pacifiste porté par la jeunesse et surtout, il en appelle à l'amour, le seul sentiment capable de transcender notre destinée. Car ce livre est aussi une étonnante et fabuleuse histoire d'amour, celle d'Eléa et de Païkan, que Barjavel inscrit au panthéon du mythe des amants légendaires.
J'ai lu ce livre pour la première fois à mon adolescence. J'en ai gardé le souvenir ébloui d'une intensité douloureuse. J'ai conservé ce livre précieusement, presque pieusement, sans oser le relire, de peur d'être déçue, de peur de ne pas y retrouver les mêmes émotions qui m'avaient tant bouleversées, de peur de briser ce si délicieux souvenir. Et puis hier, au bout de quinze ans, je me suis décidée, j'ai pris mon livre... et ne l'ai plus lâché ! Et bien que je connaisse le final, j'ai été prise de frissons, encore une fois. J'ai lu et reconnu les signes annonciateurs de la tragédie, j'ai vu l'intrigue se mettre en place, et je m'y suis laissée prendre... Alors oui, ce roman a ses naïvetés, mais quand vous l'avez entre les mains, tout le reste disparaît : on s'accroche, on vibre, on espère et désespère, et on finit touché et ému, une larme au fond des yeux.
le cri du lézard
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