[La Planète disneylandisée : Chronique d'un tour du monde | Sylvie Brunel]

Avec ses trois enfants et son mari , Sylvie Brunel a fait un tour du monde de 40 jours ; c est cette expérience qu elle relate dans son livre. Insérées entre les témoignages plutot drolatiques de cette famille Fenouillard post-moderne, les reflexions sociologiques de Sylvie Brunel sur le tourisme et les rapports conflictuels qu il génère ne manquent pas de pertinence, meme s il me semble qu elle enfonce des portes ouvertes !
Car tout ce qu elle décrit dans son livre qui ne le sait déjà ? La mondialisation accélérée a fait de la terre un espace indifferencié ; l arborigène d Australie une fois son numéro de danse "typique" éxécutée , remet son vieux T-shirt et appelle sa copine avec son téléphone portable ; les instruments de musique "typiques" que l on vous vends sur tel marché d Afrique sont "made in China" ; les requins et autres raies que l on nourrit à la main dans les eaux turquoise de Bora-Bora sont des animaux "dénaturés" trop habitués à l homme ; et tous ces parcs nationaux ou l on est sur de pouvoir admirer des animaux sauvages ne sont que l alibi d un saccage généralisé de la planète.

Dans ce grand chambardement des peuples qu est le tourisme tout le monde joue son role à la perfection: les touristes, en veulent pour leur argent, il leur faut du vrai, de l autenthique ; leurs hotes, généralement du Sud, vont tout faire pour contenter leurs désirs quitte a prendre des libertés avec la vérité ; d ou une "disneylandisation " du monde ; multiplication de lieux protégés ou les touristes auront l impression d accéder à la vérité du pays ( parcs à thèmes, réserves naturelles, lieux "incontournables" " qu il faut-avoir-vu"...) , et puis comme si la mule n était pas assez chargée , il est absolument impératif que le touriste se divertisse... c est à dire qu il oublie que le but principal de l opération est le délestage de son porte-feuille de nanti...
Triste humanité que l auteur nous donne à voir, et pourtant Sylvie Brunel ne semble pas trop désespérer de l avenir ; ancienne responsable d ONG humanitaire, elle voit dans le tourisme tel qu il se pratique actuellement entre pays du Nord et pays du Sud, un pis-aller, un échange finalement plutot bénéfique entre des personnes qui ne sont pas dupes des enjeux ; chacun joue un role (comme à Disneyland) et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, ou presque...
Et puis pour l auteur ( c est là que son ancien job refait surface, du moins dans ses fondements "idéologiques") les véritables responsables de cette dérive, O combien coupable, du tourisme actuel, seraient les affreuses ONG écologiques car pour sanctuariser toujours plus d espace afin de sauver des espèces en danger, elles privilègient toujours les animaux par rapport aux humains ; les états d Afrique l aurait bien compris , eux qui mettent leurs parcs nationaux en avant dans la "drague aux touristes"...

Je ne suis pas du tout d accord avec ce point de vue ; qu il y ait conflit d intéret entre hommes et animaux c est évident (démographie, espaces, terres cultivables...) , mais Sylvie Brunel ne semble pas comprendre que l espèce humaine ne se sauvera pas toute seule, tout est lié ; un monde peuplé d hommes "heureux" mais orphelins des autres espèces, animales ou végétales, serait l enfer tout simplement...
Ceci dit ce petit livre, souvent drole lorqu il évoque les impondérables du voyage, n incite vraiment pas a voyager "mouton" ; sortons des sentiers battus et laissons le Guide du routard sous le pied de la table bancale... Bon c est peut ètre un voeux pieux, car moi le premier j ai déjà donné dans le voyage organisé... nul n est parfait. Allez je vais relire Nicolas Bouvier !

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