'ai donc lu La théorie des nuages. J'ai mis un petit bout de temps, car Stéphane Audeguy parle de tellement de choses, que j'allais en permanence vérifier sur mon ami Google s'il inventait, ou si c'était vrai. En fait, c'est les deux, il s'en explique dans les entretiens qu'il a donné.
J'ai beaucoup aimé ce livre...Parce qu'il sort, c'est le cas de le dire, de l'atmosphère plutôt confinée qui règne souvent dans la littérature française. Parce qu'il est brillant et intelligent. Parce qu'on ne comprend qu'à la fin pourquoi ce couturier est à ce point fasciné par les nuages. Le personnage de la bibliothécaire m'a un peu gênée au départ, mais j'aime bien ce que Stéphane Audéguy dit de ce personnage dans l'entretien ci-dessus.
Quelques lignes...
En Europe, les puissants du monde cherchent à savoir quand viendront les tempêtes. Bien sûr, il y a toujours eu des tempêtes en Europe occidentale, et des paysans pour s'en soucier. Mais jamais auparavant ces tempêtes n'ont eu autant d'usines à souffler, de toitures de maisons à emporter, de bétail et d'hommes à noyer. Jamais auparavant les puissants du monde n'ont eu autant à perdre. Le 14 novembre 1854, pendant la guerre de Crimée, des navires de guerre et de commerce, au total trente-huit bâtiments battant pavillon français, coulent au large de Balaklava, dans la mer Noire. Il y aussi, accessoirement, quatre cents morts. Napoléon III convoque le ministre de la Guerre pour savoir comment il a perdu quatre cents hommes et une flotte entière, dont le plus puissant de ses trois-mâts de guerre, le Henri IV.Le ministre de la Guerre convoque le directeur de l'Observatoire de Paris, pour se donner une contenance. Le directeur de l'Observatoire se nomme Urbain Le Verrier. Il n'a aucun mal à démontrer à son interlocuteur que la tempête en question se trouvait ,la veille, au-dessus de la Méditerranée; et que deux jours auparavant elle faisait trembler les habitants du nord-est de l'Europe: il aurait suffi d'une simple communication télégraphique pour éviter la catastrophe. Le Verrier obtient aussitôt une audience auprès de l'Empereur, qui veut savoir comment accomplir de tels prodiges. Urbain Le Verrier a tout simplement écrit à tous les astronomes et météorologues amateurs qu'il a pu recenser dans toute l'Europe; choses des plus aisées, en un temps où les savants passent leur temps à s'écrire pour se communiquer informations et découvertes. Sa requête est simple: il a prié ses honorés confrères de lui faire prt de leurs observations sur le temps qu'il faisait chez eux , entre le 12 et le 16 novembre. Le Français reçoit deux cent cinquante réponses, qu'il reporte sur une carte d'Europe. Il dispose de la trajectoire de la tempête. Naturellement, le système possède un ennemi juré: la chronologie. a quoi bon prédire le temps de la veille? Urbain Le Verrier obtient donc l'argent nécessaire à la création de stations météorologiques sur tout le territoire français. Ainsi s'achève le temps des hommes, ainsi commence celui des réseaux. Bientôt d'autres pays- la Hollande, l'Angleterre, la Suède, la Russie- vont s'inspirer de l'exemple français.
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