[Homonculus. : 1 | Takehiko Inoué, Eiji Yoshikawa, Miyamoto Musashi]

Les personnages
J'ajouterai au résumé ci-dessus que Susumu Nakoshi est décidément un homme bien étrange. Effectivement son seul bien est une vieille voiture. Il partage depuis quelques semaines la vie d'une communauté de SDF dans un parc de Tokyo. Un certain nombre de petits événements nous amènent à doûter de cet homme :
- même s'il partage le repas des SDF, il s'arrange pour se faire vomir à l'écart dès que possible,
- le drôle de personnage qui l'approche pour effectuer son intervention semble l'avoir sélectionné, suivi depuis longtemps et il le filme précautionneusement avec une caméra numérique,
- un grand hôtel est situé aux abords du parc : il semble que Susumu Nakoshi l'ait fréquenté de manière régulière par le passé...

Tous ces événements mis bout-à-bout accentuent donc le mystère autour du personnage principal. Le second protagoniste de l'histoire incarne l'autre mystère : il s'agit d'un étudiant en médecine, apparemment doué pour ce qu'il fait, fils d'un grand chirurgien. Grimé à la mode gothique, il semble un peu caricatural au premier abord. Rapidement on s'aperçoit que l'auteur le maîtrise très bien. Cette caricature délibérée est à interpréter à plusieurs niveaux et elle s'adresse de manière subtile à la jeunesse japonaise : grande attention accordée à l'image de soi, extrémisme des attitudes sociales, mais en même temps une naïveté maladive.

Le scénario
Je l'ai signalé précédemment : ce premier volume repose sur deux personnages mystérieux, opposés en apparence (jeune/adulte, riche/pauvre, passionné/désabusé...) mais réunis tout d'abord par l'expérience médicale interdite, et ensuite plus profondément par les conséquences de cette expérience. On est rapidement happés par les scènes et ambiances intrigantes. Quelques touches d'humour, pas de violence, une grande maîtrise de la narration caractérisent ce premier tome d'une série qui s'annonce passionante.

Le dessin
Depuis 4-5 ans, on voit apparaître une génération de mangakas au dessin de plus en plus européanisé, ou au moins sous influence de cette école. On le voit aussi pour un "ancien" comme Jiro Taniguchi dans le "Sommet des Dieux". Hidéo Yamamoto appartient à cette génération et son travail en est caractéristique. S'il y a peut-être quelques touches d'utilisation de l'outil informatique, on peut tout de même être marqué par la grande maîtrise du trait à l'encre de Chine. Notamment dans les dessins d'arbres, d'étendues d'eau, les ombres et lumières et les contrastes sur les visages. Sans être un spécialiste du travail graphique, je me permets quand même un jugement pour celui-ci : une grande qualité.

Conclusion
Selon moi, il s'agit donc d'une série très intéressante au premier abord tant du point de vue de l'histoire que du dessin. J'attends impatiemment la suite de ce manga qui a beaucoup de succès apparemment au Japon. Plutôt à mettre entre des mains d'adulte, à côté d'une autre série : "Heads".

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]