Début du XXe siècle : les Kampf, "nouveaux riches", organisent un bal afin de se lancer dans le monde. Antoinette Kampf, quatorze ans, en révolte adolescente, rêve d'y assister, mais sa mère s'y oppose catégoriquement :
«Apprends, ma petite, que je commence seulement à vivre, moi, tu entends, moi, et que je n'ai pas l'intention de m'embarrasser de sitôt d'une fille à marier...» Antoinette saisira une occasion providentielle de vengeance, sans l'avoir préméditée, mais celle-ci sera perfide et cruelle à souhait !
Le Bal est un court récit grinçant et drôle, au style précis et incisif, entre crise familiale et critique sociale. Il conte avec humour et cynisme les affres tragi-comiques de parvenus qui reçoivent pour la première fois des gens qu'ils méprisent et dont ils se savent méprisés :
«Pour la première réception, du monde et encore du monde, le plus de gueules que tu pourras... A la seconde ou à la troisième, seulement, on trie...» Irène Némirovsky dépeint aussi avec une grande justesse la rivalité mère-fille et l'âpre solitude de l'enfance, son incompréhension, son mépris et son rejet du monde adulte au moment d'y pénétrer :
«Mais ils ne voyaient donc pas, aveugles, imbéciles, qu'elle était mille fois plus intelligente, plus précieuse, plus profonde qu'eux tous, ces gens qui osaient l'élever, l'instruire... Des nouveaux riches grossiers, incultes... Ah ! comme elle avait rit d'eux toute la soirée, et ils n'avaient rien vu, naturellement... elle pouvait pleurer ou rire sous leurs yeux, ils ne daignaient rien voir... une enfant de quatorze ans, une gamine, c'est quelque chose de méprisable et de bas comme un chien...»
Je me suis régalée du style vif et élégant d'Irène Némirovsky, et le seul reproche que je peux formuler contre son roman, c'est qu'il est bien trop court ! Je vais donc me précipiter sur
Suite française...
le cri du lézard
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