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[L'hypnose médicale | Jean-Marc Benhaiem (dir.)]
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Posté: Ven 06 Mar 2020 21:44
MessageSujet du message: [L'hypnose médicale | Jean-Marc Benhaiem (dir.)]
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Cet ouvrage collectif est explicitement conçu comme un ensemble de contributions servant à constituer le corpus du premier diplôme universitaire d'hypnose, créé en 2000 à la Pitié-Salpêtrière. Très classiquement, et conformément aux exigences d'un manuel d'initiation pour étudiants débutants, il s'articule en une première partie : « Approches théoriques » et une Partie II : « Applications thérapeutiques ». Les articles d'ouverture et de clôture sont signés par François Roustang, qui donne à l'ouvrage le ton et l'épaisseur épistémologique – également par le dernier article de la première partie – ; les autres contributions sont assez spécifiques, actualisées, succinctes et abordables, chacune possédant une bibliographie plutôt restreinte.

Voici le sommaire :

Partie I :

1. Qu'est-ce que l'hypnose ? - François Roustang
2. Historique de l'hypnose et relation avec la pratique actuelle – Jean-Marc Benhaiem, Jacqueline Beaulieu
3. Aspects expérimentaux et théoriques de l'hypnose – Didier Bouhassira
4. L'imagerie cérébrale fonctionnelle et la « neurophénoménologie » de l'hypnose – Pierre Rainville
5. Les états hypnotiques : schématisation – Jean-Marc Benhaiem
6. Les principes de base de l'hypnose ericksonienne – Sandrine Auclair
7. L'induction – Marie-Claude Mignon
8. Les mangeurs de cailloux. De l'hypnose à la thérapie stratégique – Bruno Dubois
9. Pourquoi notre culture se méfie-t-elle de l'hypnose ? - François Roustang

Partie II :

1. Ouverture – Particularités de l'hypnose animale et de l'hypnose humaine – Jean-Marc Benhaiem
2. « États hypnotiques » et « États pathologiques » : analogies et stratégies – Eric Mairlot
3. L'hypnose dans la prise en charge des douleurs – Jean-Marc Benhaiem
4. L'usage de l'hypnose dans le traitement de la dépression – Eric Bonvin
5. Prise en charge des problèmes sexuels par l'hypnose – Daniel Araoz
6. L'utilisation des techniques d'hypnose dans les troubles du comportement alimentaire – Johan Vanderlinden
7. Freud, hypnose, liberté – François Roustang

Il est difficile d'émettre un jugement global sur un tel ouvrage. La logique de la sélection des contenus est claire et appréciable ; certains chapitres sont évidemment plus didactiques que d'autres, les répétitions sont inévitables de même que les différences d'approche entre les auteurs, même sur la vexata questio de la définition d'hypnose comme : « état modifié de conscience » que Roustang démonte point par point et qui est pourtant majoritairement retenue, peut-être avec légèreté ou par simple facilité (paresse?) intellectuelle. L'intérêt du lecteur est légitimement supérieur pour certains textes en comparaison avec d'autres. Moi qui commence à connaître la pensée de Roustang, ai retrouvé des passages presque identiques à l'argumentation développée dans l'essai fondateur Qu'est-ce que l'hypnose, cité souvent avec déférence voire vénération ; cependant le chapitre : « Pourquoi notre culture se méfie-t-elle de l'hypnose ? » (texte d'une conférence prononcée à Lausanne en 1995) m'a paru d'une telle qualité explicative que j'ai songé le reproduire intégralement dans mes archives.

Les étudiants français auront ainsi une première indication des sujets que comprend leur matière, ne négligeant pas les filons les plus actuels de la recherche en imagerie cérébrale, en neurophysiologie et aussi un aperçu de la clinique. Par contre, ils disposent d'un ouvrage qui, malgré la deuxième édition, fait preuve d'un impardonnable laisser-aller vis-à-vis de la correction typographique, orthographique, et jusque dans des renvois intertextuels erronés. En étant des profs consciencieux, on ne devrait pas supporter de telles négligences chez nos étudiants, donc a fortiori nous nous devons de donner l'exemple.


Cit. :


1. « Cette différence fondamentale entre l'imagerie volontaire et l'hypnose pourrait refléter l'altération de la représentation de soi en tant qu'agent responsable des changements perceptif, moteurs et cognitifs produits en réponse à différentes formes de suggestions hypnotiques. Cette modification de la représentation de soi en tant qu'agent pourrait correspondre à certains changements dans l'activité des cortex pré-frontaux et pariétaux ou dans une altération de la communication entre ces zones corticales. » (Rainville, p. 60)

2. « La valeur suprême – et c'est pour nous une telle évidence qu'il n'y a même pas à s'interroger à son sujet – la valeur suprême est dans la pensée. L'homme est un être qui pense. Il devient alors non moins évident que le corps n'est que d'une nécessité secondaire et qu'il est bien difficile en conséquence de le rattacher à la chose pensante, puisque celle-ci est première et qu'elle se suffit à elle-même dans sa plénitude. La perspective ouverte par l'hypnose suppose à l'inverse que l'être humain soit un être-agissant-au-monde et donc que le corps, non plus une machine, se conforme à l'espace qui le forme et montre ainsi qu'il pense. C'est le mouvement du corps de l'être-au-monde qui, dans sa recherche de l'équilibre instable, nécessite la pensée. Cela est probablement inaudible pour notre culture. » (Roustang, p. 135)

3. « Il arrive qu'un patient, sous le coup du surgissement d'une peur, sorte brusquement de la transe où il est plongé. Après s'être repris et avoir ouvert des yeux inquiets, quelqu'un me disait : "Je ne peux supporter d'abandonner la question de savoir ce qu'il convient de faire en fonction de l'image que je me fais de moi-même et de l'image que je voudrais que les autres se fassent de moi." Ainsi en est-il de chacun qui se prend pour un individu et qui doit donc défendre à tout prix son personnage, c'est-à-dire cet être qui, en permanence, s'efforce de se constituer en fonction de son propre regard sur lui-même et du regard que les autres portent sur lui. […] Cet homme a compris peu à peu qu'il ne pouvait pas espérer mettre fin à ses malaises ou à ses angoisses s'il n'adoptait pas une posture radicalement autre, c'est-à-dire si, au lieu de construire et reconstruire chaque matin un personnage évanescent parce que suspendu à des images aliénantes, il ne se posait pas comme une personne tout entière attentive à son environnement et aux tâches qu'il devait accomplir. » (Roustang, p. 138)

4. « […] la situation phobique peut ne plus offrir de lien logique apparent avec le trauma initial : cela permet de voir la théorie du déplacement de Freud sous un autre angle.
Le second cas de figure générant une phobie est plus original. […] Ce qui vient produire l'angoisse et l'effet traumatisant est l'état modifié de conscience qui soit précède la situation traumatique et que l'on retrouve par anamnèse, soit accompagne une situation de façon inadéquate, ou vécue comme telle a posteriori. » (Mairlot, p. 171)

5. « Ainsi les sujets peu hypnotisables sont aussi capables que les très hypnotisables de réduire la douleur, mais par une approche qui empêche l'inhibition ressentie lors des procédures hypnotiques. C'est sans doute la validité des tests d'évaluation de l'hypnotisabilité qu'il faut remettre en cause. Qu'est-ce qui est réellement évalué, et pour quelle action ? » (Benhaiem, p. 182)

6. Excipit :
« Il n'est pas possible de soulever des questions fondamentales concernant l'état hypnotique et en particulier celles-ci : pourquoi l'état hypnotique est-il la mise à sa place de la personne dans son monde ? Et pourquoi ouvre-t-il à la possibilité de décider d'y développer l'espace de la responsabilité ? […] La psyché, si fermée sur elle-même qu'elle soit, n'a nulle autre existence que celle de configurer et d'organiser notre monde.
Pour finir, une recommandation qui pourrait être la définition de la liberté : on est prié de prendre sa place qui est toujours réservée. » (Roustang, p. 252)

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