Cette première œuvre fictionnelle (1978) de Catherine Clément se compose de "fantaisies" : très courtes nouvelles que l'on pourrait définir fantastiques ou oniriques, elliptiques et mystérieuses à souhait, esquisses ou inducteurs de récits qui représentent chronologiquement certains instants d'une biographie rêvée de Freud - ou de sa légende dorée.
"Rien n'est vraiment vrai dans cette fantaisie ; rien n'est vraiment faux non plus." (p. 145). Ce qui est curieux, c'est que les épisodes - événements, traces, fragments - sont tirés soit de biographies existantes et classiques (Ernest Jones, Max Schur, Martin Freud, Hanns Sachs, etc.), soit d'écrits de Freud lui-même qui, à part ses Correspondances, se réfèrent donc souvent à des rêves d'autrui, c-à-d. de patients. Mais ce matériau narratif a dû hanter l'esprit du penseur ; en tout cas il hante assurément celui de l'auteure, qui le lui attribue joyeusement. Une postface intitulée "Sources" indique quelques références au "réel" relatives à presque chaque "fantaisie" ; cependant, ma connaissance est insuffisante pour les reconnaitre toutes : par ex. le somnambule Cesare (fantôme de Wilhelm Fliess ???) qui revient si souvent que j'hésite à le qualifier de personnage secondaire. Mon ignorance n'est cependant pas la seule matrice de cet aspect résolument énigmatique des textes, qui ne manque pas de charme.
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