En repensant à "L'oratorio de Noël", le livre de Göran Tunström que j'ai lu précédemment, je me suis dit que ce livre-ci aurait pu s'appeler "L'oratorio du Printemps" ou encore "Prélude à l'après-midi d'un faune", tant la nature y est célébrée avec bonheur, et tant cet Alexis Zorba me fait penser à un faune bondissant, prêt à tous les excès vers lesquels sa nature exubérante l'entraine.
Mais ce livre va bien au-delà d'une pure célébration des joies de la vie. Car cet hymne à l'amour des plaisirs terrestres est curieusement chanté par un intellectuel grec d'une trentaine d'années, plongé dans ses livres et dans l'écriture, une "souris papivore" comme le moque un ami cher, qui va s'enticher de cet Alexis Zorba, un macédonien baroudeur d'une soixantaine d'années, mais d'une énergie qui semble inépuisable. Les deux personnages si dissemblables se rencontrent sur un port et ils vont faire équipe pour exploiter une mine de lignite en Crète, et peut-être, pour le narrateur, terminer un livre sur "Bouddha".
J'ai beaucoup aimé l'honnêteté avec laquelle le narrateur confronte ses préjugés d'intellectuel au formidable appétit de vie et de liberté de Zorba, et à sa morale simple et forte (qui, par exemple, lui commande de ne jamais se refuser à une femme qui a envie de lui). A côté de Zorba, magnifique et naïf, les pieds dans la terre et les narines grand ouvertes, le narrateur se peint en creux comme un rêveur invétéré, sensible à l'autre mais timide, vite effarouché devant l'appel d'une femme : "J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux d'une femme et lire un bon livre sur l'amour, j'aurais choisi le livre.". Mais leur camaraderie va s'affirmer au fil des jours et des aventures communes et leur amitié inconditionnelle et sans exclusive est une des belles leçons de ce très beau roman.
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