[Contre-histoire de la philosophie, Tome 4 : Les ultras des lumières | Michel Onfray]
Une vision décapante des Lumières. Onfray laisse de côté Voltaire,Rousseau,Kant ; tous les enfants de Platon, tous les révolutionnaires des idées qui ne veulent aller au bout de leurs démonstrations. Car dans l'historiographie convenue des Lumières si il était de bon ton de contester le Pouvoir absolu du Roi, mettre en cause la transcendance des causes de ce qui advient était jugé hérétique. Voltaire,Rousseau,Kant,Diderot même, convoquerons un vague déisme très utile à la conservation sociale de l'ordre établi qui ne fera que passer d'une classe à une autre en 1789.
Meslier,D'Holbach,Maupertuis,Helvetius...parmi d'autres, occultés par les tenants d'une histoire officielle, sont les héraults de notre pourfendeur d'idéalisme. Meslier par exemple : curé d'une obscure parroisse des Ardennes à l'époque du Régent. Son athéisme radical ,sa détestation des privilèges, en font une comète dans le ciel du début des Lumières. Ses "Mémoires" revisitées par Voltaire (que Michel Onfray ne porte pas particulièrment dans son coeur...) ne sont que le pâle reflet de ses emportements sacrilèges. Et si l'on parle de sacrilèges comment ne pas évoquer Sade ? Onfray lui règle son compte à la fin de son ouvrage. Certes le "Divin" marquis professe son athéisme en images sinon en faits. Mais Onfray fait bien remarquer que les actes comme les mots blasphématoires de l'auteur sulfureux ne peuvent que s'appuyer sur une croyance à la transcendance des idées. Dieu est indispensable à sa démonstration nihiliste. CQFD nous dit Onfray : non seulement Sade est un athée,comme un révolutionnaire, en peau de lapin mais sa prose ouvre la voie aux pires dérives politiques : dictatures, fascismes. Voir dans les livres de Sade les prémisses du fascisme on laissera à Michel Onfray la responsabilité de ses avis. Nobostant ces remarques le lecteur amateur d'Idées est emporté par le style, la passion,l'érudition de l'auteur. Lire Michel Onfray c'est, je l'ai déjà plusieurs fois constaté, se croire toujours plus intelligent qu'on est tant l'auteur se fait une règle de bannir le jargon pholosophique. Le fait d'avoir compris (pas toujours...!) une démonstration met du baume à notre égo. Etant lucide nous savons bien que nous n'en sommes pas plus intelligent pour autant !
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]