4ème de couverture :
"Uriel, jeune vendeur en librairie, s'est constitué une philosophie du renoncement qu'il suit scrupuleusement, souvent au grand dam de son entourage. "Je suis un faible qui ne cède pas." Son journal, d'une grande cocasserie, s'offre comme un manifeste du désengagement et se veut acte de résistance face au carriérisme ambiant. Cette crise d'inexistence, décrite avec minutie et conviction, mais aussi avec humour et dérision, constitue un curieux manuel de survie par l'économie de soi. Et si Uriel se sent protégé par les livres de sa librairie comme dans un abri par des sacs de sable, il redoute chaque jour davantage de devoir s'habituer à être dépassé par les choses. "L'inaptitude de mon époque à vivre selon mon rythme me cause du souci, m'impose de demeurer vigilant." La tentation de la normalité le guette et le menace...
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Cyrille CAHEN est neuropsychiatre. Il a notamment publié "La Tête ailleurs" (Nathan) et coanime la "Revue de psychologie de la motivation". "Le libraire et son pygmée" est son premier roman."
Mon rapide commentaire :
Ce journal intime trace un an de la lutte du jeune anti-héros contre le danger de vouloir contester sa propre existence et celui d'être obligé par autrui à compromettre ses efforts pour saboter son avenir. Cette lutte - et c'était prévisible - se solde par l'échec sur les deux fronts. Le thème est actuel et intemporel à la fois. L'humour s'alterne au tragique, sans que la frivolité ne soit jamais mise en danger ni remise en cause. Le style, chaque page se prêtant à tout instant au florilège, est caractérisé par l'aphorisme, ainsi que par l'inattendu qui surgit de décalages verbaux (dont la profession de l'auteur le rend évidemment avisé) minimes et pourtant si justes.
Sinon le personnage (pourrait-on l'avouer si même c'était le cas ?), le combat de ce "Citoyen dérisoire au chez-soi modeste et bien rangé, accessible à l'obéissance, rebelle aux obédiences, épicurien, mystique, désinvolte et timoré ; cherchant dans la paresse et la persévérance, et non sans quelque passion, à se constituer possesseur de soi-même dans un monde qui l'effraie." (p. 14) éveille notre sympathie par le truchement puissant de l'auto-identification...
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