Schmitt se lance le défi d'écrire la vie d'Hitler, et de celle de celui qu'il aurait pu être s'il avait été pris à l'école des beaux arts en octobre 1908. Par ce roman il ne fait pas que mettre en parallèle deux vies qui ne peuvent plus se rejoindre, mais il décrit un homme, il humanise un Monstre. Parce qu'il est trop facile de dire qu'Hitler n'était pas vraiment un homme, Schmitt nous rappelle par ce roman, que ce monstre nous l'avons tous en chacun de nous : c'est la part de l'autre.

Que ceux qui sont un peu " lassés " par la seconde guerre mondiale se rassurent : ce n'est pas une nouvelle fois, une œuvre de culpabilisation. On n'essaye pas de nous dire : regardez ce qui est arrivé !! Ici on suit deux adolescents, qui deviendront des hommes, puis des vieillards… On comprend mieux ce qu'il a pu se passer, ce qu'il aurait pu se passer.

On suit les événements de l'intérieur, on est dans leur tête, dans celle du peintre, et dans celle du dictateur. Ce qui est très fort dans l'écriture de Schmitt c'est la présence du corps, très forte celle-ci est le reflet de la psychologie de ses personnages. La guerre elle-même est palpable par les sens : de la boue qui colle aux pieds, des détonations qui vrombissent dans le ciel…

De plus les dialogues sont absolument délirants et parfaitement bien rythmés, ils nous rappellent que les premières œuvres de Schmitt étaient des pièces de théâtre. Les descriptions des univers des personnages sont parfaites, on se retrouve dans le Paris en pleine effervescence artistique des années 20, ou dans l'Allemagne passant peu à peu de l'intolérance à la haine.

Schmitt s'amuse à créer une Allemagne et un monde sans deuxième guerre mondiale, étrangement cette Allemagne ressemble un peu à la France d'aujourd'hui, légèrement empreinte de mouvements racistes dont il ne faut pas s'inquiéter… jusqu'au prochain Adolf Hitler ratant son examen d'entrée… peut-être est-ce vous ? ou moi ? C'est un livre époustouflant sur Hitler qu'il conviendrait peut-être de faire lire à chacun pour que personne n'oublie que notre interprétation des choses, notre libre arbitre peut nous faire homme ou monstre.

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