Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai Sijie
Quatrième de couverture
« Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Mon commentaire :
J’ai trouvé le livre dans une brocante en 2003. J’imaginai ce roman ennuyeux au point que son propriétaire s’en débarrassa aussi vite. Que nenni. Il voulait absolument donner à l’ouvrage la possibilité de rencontrer d’autres lecteurs, pour favoriser une plus large diffusion à moindre coût. Heureux acquéreur, je le parcouru avec délectation et fit bon usage du dit commandement en l’offrant à mon tour à plus curieux que moi.
Le parcours de cet écrit donne à l’histoire, une fâcheuse particularité à la révolution culturelle chinoise : les intellectuels furent humiliés sur la place publique, les élites bafouées, de nombreuses valeurs culturelles chinoises et de nouvelles valeurs occidentales étaient dénoncées au nom de la supériorité du peuple et de ses droits.
Par exemple, un des impératif du comité central du parti communiste chinois pour installer une démocratie : Nous devons extirper énergiquement la pensée, la culture, les mœurs et coutumes anciennes de toutes les classes exploiteuses.
En parallèle, les professeurs, les intellectuels et leurs enfants sont isolés et envoyés dans les campagnes pour être « rééduqués » par le travail manuel.
Avec cette intention de lecture en tête, j’ai déjà une petite pincée au cœur en découvrant les personnages, enfants, qui deviennent attachant, parce que coupés de leur cadre habituel, de leurs proches.
Se raccrocher à un livre pour s’évader du quotidien difficile, est nécessaire lorsque l’insouciance de l’âge patauge entre la gravité du sujet dénoncé, et la découverte d’un monde étonnement humain.
Les pensées sont malléables, l’esprit se façonne, comme les petites mains des couturières assemblent des pièces éparses pour confectionner un habit portable.
Léger, alerte et sous silence, le temps passe sur ces êtres plus ou moins bien lotis.(bertrand-môgendre)
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