[Dantès. 7, Le poison d’Ebène | Pierre Boisserie ; Erik Juszezak]
Directeur du consortium appelé Pharaon, Christopher Dantès oriente les activités du groupe dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’immobilier à vocation sociale, des transports alternatifs, de la téléphonie, de la logistique et du traitement des déchets. Cyclotrade, une filiale de Pharaon, s’est spécialisée dans le retraitement des boues industrielles. Une cargaison de boues toxiques a été déversée en Côte d’Ebène, causant décès et intoxication alentour de la décharge à ciel ouvert. La corruption du gouvernement et la collusion avec des hommes d’affaires véreux engendrent un climat délétère dans le pays africain. Dantès est parti sur place, accompagné de son amie journaliste afin de faire la lumière sur une affaire qui pourrait l’entacher à nouveau d’autant qu’un journaliste, Jean-Paul Beauchamp, ami de Lucie, qui enquêtait sur le terrain au sujet des boues toxiques est porté disparu. S’adressant directement aux autorités du pays, Dantès devient une bête noire que les dirigeants corrompus veulent abattre.
Après une première saison très réussie composée de trois cycles et de six albums, les scénaristes Boisserie et Guillaume entament une deuxième saison en nuançant leur registre. Dantès s’est extirpé du scandale politico-financier. Il est blanchi mais ses activités entrepreneuriales ancrées dans le développement durable risquent de l’entraîner vers de nouveaux abîmes. Riche en dialogues et en informations diverses, la bédé n’en reste pas moins très lisible. La mise en page fluide et le dessin clair de Juszezak participent à la compréhension immédiate de l’histoire, l’intrigue s’étoffant à mesure que les chausse-trapes s’ouvrent sous les pieds d’un Dantès parfois étonnamment naïf. L’aventure narrée ici fait référence à une catastrophe environnementale bien réelle, celle du Probo Koala (renommé Domo Panda dans la bédé) en 2006, du nom du navire qui a déchargé en Côte-d’Ivoire, avec l’assentiment monnayé des autorités locales, des déchets en provenance de l’Europe, aux émanations mortelles (70 000 personnes empoisonnées et 17 décédées). Le pari des auteurs est risqué de relancer la série sous d’autres horizons mais son amarrage dans une réalité contemporaine souvent peu ou mal décrite en fait un récit très intéressant en soi même si la série et les personnages marquent un peu le pas, Dantès ayant perdu au passage l’aura de son parrain littéraire.
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