Bien sûr, ce qu’on retiendra principalement d’American Psycho c’est son extrême violence avec des scènes horribles et pornographiques qui marqueront forcément les lecteurs. Mais en rester là serait une grave erreur. Bateman est un monstre sans aucun doute mais un monstre créé par une société absurde, une société gangrénée par le fric et les apparences. Bateman est soucieux de son bronzage, fait grand usage de fil dentaire et fréquente assidument les salles de sport. Arbitre des élégances on lui demande conseil sur ce qu’il faut porter et en plus d’être financièrement aisé, il est aussi très cultivé. Pourtant, Bateman est inhumain. Son entourage n’est d’ailleurs pas beaucoup plus reluisant avec sa cohorte de golden boys racistes qui se saluent sans vraiment se reconnaitre. Une faune hypocrite, dont le principal souci est de décrocher une réservation pour le dernier restaurant à la mode. Description d’un monde sans but, sans idéaux, sans illusions. Un monde replié sur lui-même qui est devenu totalement fou, la vraie horreur de ce roman n’est pas Bateman qui n’en est que le produit, mais bien la déshumanisation totale de cette frange de la société. Dans ce cas, pourquoi s’étonner que le héros agisse en toute impunité ? Dans cette superficialité ambiante, l’horreur ordinaire d’un psychopathe passe totalement inaperçue tant qu’elle ne compromet pas les profits de Wall Street. Un roman fort et dérangeant !
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