Il s'agit d'un livre de vulgarisation et d'histoire scientifique. L'auteur présente les grandes lignes des courants scientifiques qui ont estimé que l'intelligence pouvait se quantifier par un chiffre unique, et qui ont visé à mesurer ce chiffre, puis à utiliser les résultats pour en tirer des conclusions sur la supériorité de certaines races et/ou de certaines classes sociales. On va du 18e siècle au milieu du 20e, et de la mesure du volume des cerveaux avec de la grenaille de plomb jusqu'aux tests de type QI. À chaque fois l'auteur présente les travaux effectués, et explique en quoi les conclusions obtenues par les scientifiques de l'époque sont fausses, en raison d'erreurs de mesure et/ou de raisonnement.
Un seul point m'a échappé, concernant l'assimilation de l'intelligence à la taille du cerveau. L'auteur réfute certains travaux en disant que les personnes qui les ont effectués à l'époque n'ont pas pris en compte le fait que, plus les gens sont grands, plus ils ont tendance à avoir un gros cerveau, et qu'il faut donc normaliser les tailles des cerveaux des différents groupes étudiés par la taille des gens qui le composent. Il me semble que si l'on pense que l'intelligence est proportionnelle à la taille du cerveau, et que les gens petits ont en moyenne de plus petits cerveaux, alors on doit penser que les gens petits sont en moyenne moins intelligents...
Il s'agit d'un effort énorme de la part de l'auteur, qui a non seulement fait un travail de recherche très important, mais a été jusqu'à se plonger dans les données de l'époque pour refaire les calculs. Le livre est cependant très loin d'être aride, car il est très bien écrit et regorge de petites anectodes, ce qui fait qu'il est très agréable à lire. Ma préférée : un homme ayant fait passer un genre de tests de QI à un grand nombre de soldats américains pendant la première guerre mondiale pensait mesurer l'intelligence innée de ces hommes, et que l'éducation n'avait aucun rapport avec les résultats obtenus. Il a tout de même constaté que les noirs du nord des États-Unis avaient de meilleurs résultats que ceux du sud, or les conditions sociales étaient meilleures pour les noirs au nord, et ils y étaient en moyenne plus scolarisés et plus longtemps. Il en est arrivé à cette conclusion : comme les conditions sociales sont meilleures au nord pour les noirs, les noirs les plus intelligents ont migré vers le nord du pays !
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