Classique du théâtre d'avant-garde (1930), dont on retiendra la célèbre interprétation de Simone Signoret, ce monologue fragmenté intègre ce nouvel instrument de communication qu'était le téléphone sur les planches, dans un décor minimaliste.
La situation est tristement banale : une femme éconduite et éperdument amoureuse a une dernière conversation téléphonique avec son amant. Mais l'intérêt de la pièce, totalement actuelle et haletante jusqu'à la tragédie, réside non tant dans les paroles que dans les silences : ceux des répliques de l'absent, ou ceux que provoquent des interférences dans la communication. L'imagination du lecteur en est d'autant plus sollicitée, de même que son effort de reconstruction de l'histoire et des personnages par reconstitution des fragments du discours.
Se lit le temps d'une apnée.

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

Quand j'avais sept ans, mes parents m'ont emmenée pour la première fois au théâtre, voir le Cid à la Comédie Française.
En lever de rideau il y avait "la voix humaine". Inutile de dire que je n'ai pas compris grand chose, à l'époque, à cette pièce. Mais j'ai encore en mémoire, l'actrice en robe blanche, se traînant à terre, accrochée à son téléphone, au milieu d'une scène vide...
En revanche, j'ai pris grand plaisir à voir le Cid. Et récemment- je veux dire dans les 10 dernières années-, je l'ai revu (à la Comédie Française encore) et j'ai été émue à la sortie de voir un tout petit garçon sauter au cou de sa grand-mère pour la remercier de lui avoir permis de voir ce spectacle.

Tes parents s'étaient-ils trompés de jour ?!
Car enfin, il faut bien reconnaître que La Voix humaine n'est point du tout indiquée à une fillette de sept ans, aussi précoce fût-elle

Mes parents ne s'étaient pas trompés : ils m'emmenaient voir le Cid. La Voix Humaine était en lever de rideau (car autrefois, quand on allait à la comédie française, il y avait toujours une pièce en un acte avant l'entracte et la pièce proprement dite, c'est malheureusement une époque révolue...)
Mais tu vois, c'est quand même une pièce qui m'a marquée, et pour laquelle je garde une sorte de tendresse